Les événements précoces de la vie peuvent influencer le comportement des individus à l’âge adulte. Il a d’ailleurs été montré qu’un fœtus femelle entouré de fœtus mâles dans l’utérus maternel sera influencé dans son développement par les hormones masculines sécrétées par ses frères. La vie prénatale dans l’utérus de la mère, ainsi que les événements postnataux, pourraient être aussi déterminants l’un que l’autre.
Chez les animaux, comme chez les hommes, il n’est pas toujours évident de distinguer l’importance de chaque moment de la vie précoce sur le comportement plus tardif. Afin de déterminer le rôle de chaque étape, le psychobiologiste David Crews a observé le comportement de rats adultes dont le sexe des individus alentours au cours de la vie précoce, avant et après la naissance, a été contrôlé.
Si le sexe-ratio d’une portée n’est pas un paramètre qui peut être prévu, il est malgré tout possible d'observer le nombre de mâles et de femelles à la naissance, ce qui a été comptabilisé et enregistré. Puis les ratons ont été placés dans un environnement mixte, ou en présence d’un pourcentage élevé de femelles ou de mâles. Les mâles ont finalement été testés dans leur comportement sexuel face à des femelles.
Moins sexy…
D’après ces travaux publiés dans le journal Psychological Science, les chercheurs n'ont montré aucun effet du sexe-ratio tel qu’il est dans l’utérus sur le comportement des mâles. En revanche, le sexe-ratio semble devenir important après la naissance : en effet, les rats élevés dans un environnement majoritairement féminin sont moins appréciés par la gente rate que les autres mâles.
Les femelles rats ont des signes bien particuliers pour indiquer si elles sont ouvertes à l’accouplement. Elles adoptent une danse qui consiste en l’approche et la fuite rapide du mâle qui les intéresse, elles prennent une position de lordose (cambrure du dos) et elles trémoussent leurs oreilles, ce qui « rend les mâles fous » d’après David Crews. Ces signaux sont envoyés préférentiellement aux rats ayant grandi avec des mâles autour d'eux, alors considérés comme sexy, et beaucoup moins à ceux élevés avec des femelles.
… mais pas moins habile
Ces rats « moins sexy » ne sont cependant pas moins habiles pour parvenir à leurs fins. Des mâles qui ont été élevés en présence d’un grand nombre d’individus femelles passent, il est vrai, moins de temps à monter les femelles que les rats élevés dans un environnement mixte ou majoritairement mâle. Toutefois, ils obtiennent au final le même nombre d’accouplements (pénétrations et éjaculations) que les mâles plus attirants. Ils sont donc plus efficaces à se reproduire, et cela compenserait peut-être leur faible sex-appeal...
L’origine de cette différence n'est pas connue, mais David Crews suppose que ces observations pourraient en quelque sorte être transposées à l’homme. « La famille est particulièrement importante dans la construction de la personnalité. » L’environnement dans lequel nous grandissons « ne détermine pas notre personnalité, mais nous aide à la façonner ».
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