15 mai 2010
problèmes économiques : théories économiques : épistémologie et histoire de la pensée économique - La Documentation française
Théories économiques :
Epistémologie et histoire de la pensée économiqueCritique de Lucas
Les paramètres des modèles économétriques peuvent évoluer sous l'influence de la politique économique lorsque les acteurs du marché reconnaissent des modifications dans les règles de politique économique et les intègrent dans leur comportement. Dans la mesure où un modèle économétrique ne tient pas compte de manière adéquate de ce type d'ajustement des attentes, les modèles dont les paramètres ont été évalués sur la base des données passées ne permettent pas une évaluation correcte des effets des politiques économiques à venir.
(Lucas)
École des choix publics
L'école des choix publics rejette la conception particulière de l'État et de la politique, utilisée dans l'analyse économique traditionnelle et qui voit l'Etat comme un dictateur bienveillant. Selon cette vision, les décideurs politiques sont supposés avoir des objectifs qui correspondent à ceux de l'intérêt général. Ainsi, dans le domaine de la politique économique, ces objectifs peuvent être l'emploi, la croissance ou encore la lutte contre l'inflation. Pour les tenants de l'école des choix publics, on ne peut pas à la fois soutenir que dans la vie économique les individus se comportent de manière rationnelle et égoïste et que ces mêmes individus - une fois passés dans la sphère politique - se comportent de manière altruiste. Le modèle proposé par cette école repose sur l'hypothèse que les hommes politiques et les partis politiques essaient d'obtenir le maximum de votes possibles afin d'obtenir des positions de pouvoir ou des avantages financiers grâce aux budgets publics.
(Buchanan, Tullock, Mueller)
Économétrie
Elle permet de confronter des constructions théoriques et leurs prédictions aux données réelles de l'économie. Plus précisément, les modèles économétriques servent à expliquer l'évolution quantitative d'un certain nombre de variables (dites variables endogènes) en fonction d'un certain nombre de variables prédéterminées (dites variables exogènes). Le test qui infirme une prédiction conduit à réexaminer les hypothèses du modèle et afin de mieux comprendre les mécanismes économiques. Construire un modèle économétrique, nécessite une théorie modélisable, des données et des instruments de calcul.
(Frisch, Haavelmo, Heckman, McFadden)
Holisme méthodologique
L'approche économique holiste s'intéresse plutôt à l'ensemble des comportements qu'à leurs composantes, faisant l'hypothèse que le tout est supérieur à la somme des parties. La sociologie, qui relève plus d'une démarche holiste, met l'accent sur le fait que les individus sont socialisés, c'est-à-dire qu'ils sont le produit d'un groupe qui partage une certaine culture, des normes etc. Il existe donc une classe sociale, ce que nie l'individualisme sociologique.
Individualisme méthodologique
L'individualisme méthodologique analyse les phénomènes économiques et sociaux à partir des comportements individuels. Combiné à l'hypothèse de rationalité du comportement, l'individualisme méthodologique, le fameux homo œconomicus, est le principe de base de la science économique.
(Becker)
Libéralisme
Élaborée au cours du XIXème siècle notamment à partir des travaux d'A. Smith, la doctrine libérale repose sur trois piliers : la propriété privée, la libre entreprise et la libre concurrence. Il existerait selon elle un ordre économique naturel, fruit des interactions entre les agents (main invisible). La crise des années trente a donné naissance à un courant néo-libéral reconnaissant les imperfections du marché et attribuant à l'État un rôle de régulateur de la sphère marchande. Les privatisations des vingt dernières années dans les pays industrialisés et le mouvement de déréglementation témoignent d'un retour appuyé à la doctrine originelle.
(Hayek, Friedman)
Marxisme
Doctrine et méthode d'analyse élaborées par K. Marx et F. Engels puis par leurs disciples, le marxisme (ou tout du moins sa théorie économique) vise à expliquer le fonctionnement du système économique. Dans le système capitaliste, la force de travail crée une valeur supérieure à celle de son entretien produisant ainsi une plus-value que s'approprient les détenteurs des moyens de production. Cette appropriation, assurée par la légalité de la propriété privée, donne naissance au profit, si le capital est réalisé, et permet l'accumulation du capital. Il existe cependant une baisse tendancielle du taux de profit liée à l'exploitation de la force de travail, et que les concentrations cherchent à pallier. Les crises consécutives au déséquilibre de la répartition du profit provoque à terme une crise générale débouchant sur la révolution sociale.
(Marx, Engels)
Nouvelle histoire économique
Elle a pour projet de développer une histoire économique " scientifique ". Les cliométriciens souhaitent appliquer des règles scientifiques aux problèmes d'histoire économique. Ils utilisent des séries de données historiques quantitatives et une méthode celle de l'analyse contrefactuelle. Cette dernière, développée par R. W. Fogel, prix Nobel 1993, consiste à mesurer l'influence d'un facteur sur une évolution par la différence entre cette évolution réellement observée et celle, hypothétique, à laquelle on aurait assisté si le facteur concerné n'avait pas existé. Cette dernière situation est construite économétriquement à partir des autres facteurs.
(North, Fogel)
Positivisme économique
Cette approche repose sur l'idée que l'économique est une science empirique, au même titre que les sciences de la nature. Les énoncés que l'économiste élabore ont avant tout un caractère prédictif, dont on doit être capable d'infirmer les résultats par des tests empiriques. C'est la raison pour laquelle finalement, il importe peu que les hypothèses de départ soient réalistes.
(Friedman)
problèmes économiques : théories économiques : éducation, formation - La Documentation française
Théories économiques :
Education, formationLe modèle d'arbitrage (entre rendement et risque)
Les individus de mêmes capacités ne choisissent pas les mêmes études. Cette différence est directement liée à leur origine sociale. Avant d'entamer un cursus scolaire, la théorie suppose ici que les individus procèdent à un calcul avantages-coûts pondéré par la probabilité de réussite. Elle pose alors comme hypothèse que les étudiants issus de milieux défavorisés accorderont un poids plus important au risque que les autres. Les conséquences d'un échec, voire d'un simple redoublement, ne sont pas valorisées de la même façon par tous les individus. L'intérêt du modèle d'arbitrage entre rendement et risque est donc d'expliciter des choix différents de cursus sur des critères sociologiques.
(Mingat et Eicher)
Les modèles de concurrence (pour l'emploi)
Ce modèle rejette l'hypothèse forte de la théorie du capital humain : la productivité n'est plus apportée par le travailleur mais elle est considérée comme faisant partie du poste de travail. Deux caractéristiques comptent dans l'entreprise : la capacité d'adaptation du travailleur à la structure de la firme et son efficacité à son poste de travail. II existe deux marchés du travail, l'un interne à l'entreprise, l'autre externe. Pour recruter son personnel, un dirigeant peut recourir à l'un ou l'autre. Le premier est le moins coûteux mais il n'est pas toujours possible. Sur le marché externe, le niveau de formation considéré comme un gage d'ouverture d'esprit et d'adaptabilité constitue le premier critère de sélection.
(Thurow)
Théorie des attitudes
À la suite des critiques portant sur la théorie du capital humain et le modèle économique néoclassique, d'autres auteurs formulent une théorie du système éducatif pris dans son ensemble. Selon la théorie des attitudes, l'éducation prépare à la division du travail en même temps qu'elle installe l'acceptation du travail. La formation vise à créer des attitudes conformistes et soumises. Le système éducatif est dominé par le capital. La mission de l'école est double. D'une part, elle forme le prolétariat à l'appareil productif. D'autre part, elle réserve à une élite les enseignements nécessaires aux tâches d'encadrement et de création.
(Bowles et Gintis)
Théorie du capital humain
L'idée de base de la théorie du capital humain, développée par Gary Becker, prix Nobel 1992, est de considérer que du point de vue de l'individu, l'éducation est un investissement. La valeur de celui-ci dépend directement du coût monétaire de l'éducation et des gains futurs anticipés procurés par l'information. Celle-ci représente un investissement avantageux si la valeur actualisée nette des coûts et des avantages est positive. L'investissement en capital humain est aussi un investissement profitable du point de vue de la société. Autrement dit, l'éducation procure aussi des gains sociaux, supérieurs aux gains privés. Cette externalité positive justifie pour certains l'intervention de l'État sinon dans l'économie du moins dans la prise en charge du système éducatif. Pour l'employeur, la distinction entre éducation générale et formation spécifique de l'individu revêt une importance capitale. En effet, la formation spécifique augmente la productivité de l'individu seulement chez son employeur. Ce dernier peut par conséquent récupérer le fruit de l'investissement qu'elle constitue.
(G. Becker)
Théorie du filtre
Les tests empiriques ont montré que la théorie du capital humain explique peu les faits. En particulier, des individus de même niveau obtiennent des gains très différents. La théorie de Becker a été remise en cause à la fois dans son développement et ses hypothèses. La formation, et en particulier le diplôme, sert à apporter de l'information sur les qualités des individus (intelligence, capacité de travail...). L'éducation ne sert donc pas à accroître les capacités des individus mais à les identifier afin de pouvoir les filtrer. Le système productif filtre les individus en fonction des qualités qu'il recherche. Des tests à l'embauche pourraient toutefois servir eux aussi de filtres, à un coût inférieur à celui du système éducatif.
(Arrow)
Théorie de la reproduction
Le système éducatif, fonctionne comme s'il servait à reproduire la domination de la " classe dominante ". Sous couvert de neutralité et d'égalité des chances, l'institution scolaire conduit à exclure les enfants des classes populaires, " classes dominées . Le système exerce, en effet, un " arbitraire culturel " permettant cette sélection. L'école valorise et légitimise une culture dite savante acquise en dehors de ses murs par la classe dominante. Cette " violence symbolique " exercée par le système éducatif est à l'origine des écarts entre les taux de réussite des enfants. La démocratisation de l'école a des effets pervers. L'exclusion s'opère via la dévalorisation des diplômes.
(Bourdieu et Passeron)
Théorie du signal
La théorie du signal est un prolongement sur le marché du travail de celle du filtre. Les employeurs sont considérés comme étant en asymétrie d'information vis-à-vis des offreurs de travail. Ils disposent de données intangibles telles que le sexe. D'autres, comme le niveau de qualification, peuvent au contraire être modifiées par les individus à la recherche d'un emploi. Le diplôme constitue donc un signal envoyé aux employeurs potentiels. II reste aux individus à choisir la formation qui permet d'envoyer le meilleur signal, soit celle qui offre le plus de possibilités pour trouver un emploi, soit le meilleur taux de rendement.
(Spence)
Théorie sociologique de l'individu rationnel
Les individus procèdent tout au long de leur " carrière scolaire " à des calculs avantages-coûts. Ces calculs s'opèrent non seulement sous la contrainte des coûts matériels mais aussi et surtout sous l'influence de données sociologiques de chaque individu. Le rendement et le risque d'une formation sont valorisés différemment selon la classe sociale. Les choix et les ascendances sociales qui en découlent sont donc différents selon les individus. La faible mobilité sociale s'explique ainsi non comme le résultat de la reproduction d'une " classe dominante " mais comme un " effet de système " engendré par l'agrégation des comportements et stratégies individuelles.
(Boudon)
La Révolution française et l'émancipation par l'éducation : Talleyrand, Condorcet, Lepeletier et Robespierre (textes de la Révolution 4)
La Révolution française et l’émancipation par l’éducation : Talleyrand, Condorcet, Lepeletier et Robespierre (textes de la Révolution 4)
jeudi 12 octobre 2006.
Dans cette rubrique "Textes, Contextes et Débats", nous avons déjà mis en ligne un texte de Robespierre sur l’émancipation politique datant de 1789.
Voici trois autres textes de la Révolution sur l’émancipation par l’éducation datant de 1789, 1792 et 1793.
Premier texte sur l’éducation
TALLEYRAND, député à l’Assemblée nationale, ancien évêque d’Autun
Extraits du Rapport sur l’instruction publique fait au nom du Comité de Constitution, à l’Assemblée nationale
10, 11 et 19 septembre 1789
Une mission qui découle directement de la Déclaration des droits
Les pouvoirs publics sont organisés : la liberté, l’égalité existent sous la garde toute puissante des Lois ; la propriété a retrouvé ses véritables bases ; et pourtant la Constitution pourrait sembler incomplète, si l’on n’y attachait enfin, comme partie conservatrice et vivifiante, L’INSTRUCTION PUBLIQUE, que sans doute on aurait le droit d’appeler un pouvoir, puisqu’elle embrasse un ordre de fonctions distinctes qui doivent agir sans relâche sur le perfectionnement du Corps Politique et sur la propriété générale. [...]
Même sous l’ancien ordre des choses, on ne pouvait arrêter sa pensée sur la barbarie de nos institutions, sans être effrayé de cette privation totale de lumières, qui s’étendait sur la grande majorité des hommes [...] Les hommes sont déclarés libres ; mais ne sait-on pas que l’instruction agrandit sans cesse la sphère de la liberté civile, et, seule, peut maintenir la liberté politique contre toutes les espèces de despotisme ? Ne sait-on pas que, même sous la Constitution la plus libre, l’homme ignorant est à la merci du Charlatan, et beaucoup trop dépendant de l’homme instruit [...] Les hommes sont reconnus égaux : et pourtant combien cette égalité de droits serait peu sentie, serait peu réelle, au milieu de tant d’inégalités de fait, si l’instruction ne faisait sans cesse effort pour rétablir le niveau et pour affaiblir du moins les funestes disparités qu’elle ne peut détruire ! [...]
L’instruction en général a pour but de perfectionner l’homme dans tous les âges, et de faire servir sans cesse à l’avantage de chacun et au profit de l’association entière des lumières, l’expérience, et jusqu’aux erreurs des générations précédentes. Un des caractères les plus frappants dans l’homme est la perfectibilité [...] L’instruction : un bien commun, universel, pour tous quelque soit le sexe et l’âge L’instruction réclame les principes suivants : Elle doit exister pour tous : car puisqu’elle est un des résultats, aussi bien qu’un des avantages de l’association, on doit conclure qu’elle est un bien commun des associés : nul ne peut donc en être légitimement exclu ; et celui-là, qui a le moins de propriétés privées, semble même avoir un droit de plus pour participer à cette propriété commune. [...]
L’instruction, quant à son objet, doit être universelle : car c’est alors qu’elle est véritablement un bien commun, dans lequel chacun peut s’approprier la part qui lui convient. [...] De là il résulte que, dans une société bien organisée, quoique personne ne puisse parvenir à tout savoir, il faut néanmoins qu’il soit possible de tout apprendre.
L’instruction doit exister pour l’un et l’autre sexe ; cela est trop évident : car, puisqu’elle est un bien commun, sur quel principe l’un des deux pourrait-il en être déshérité par la Société protectrice des droits de tous ? Enfin elle doit exister pour tous les âges. C’est un préjugé de l’habitude de ne voir toujours en elle que l’instruction de la jeunesse.
L’instruction doit conserver et perfectionner ceux qu’elle a déjà formés [...] L’instruction publique est aussi une éducation politique L’instruction, considérée dans ses rapports avec l’avantage de la Société, exige, comme principe fondamental, qu’il soit enseigné à tous les hommes :
à connaître la Constitution. Il faut donc que la Déclaration des droits et des principes constitutionnels compose à l’avenir un nouveau catéchisme pour l’enfance [...]
à défendre la Constitution. Il faut donc que partout la jeunesse se forme, dans cet esprit, aux exercices militaires [...].
à perfectionner la Constitution. En faisant serment de la défendre, nous n’avons pu renoncer, ni pour nos descendants, ni pour nous-mêmes, au droit et à l’espoir de l’améliorer.
Il importait donc que toutes les branches de l’art social pussent être cultivées dans la nouvelle instruction [...]
Un accès à l’école encore fortement hiérarchisé socialement Près des Assemblées primaires qui sont les unités du Corps politique, les premiers éléments nationaux, se place naturellement la première école, l’école élémentaire. [...]
Au sortir de la première instruction, qui est la portion commune du patrimoine que la société répartit à tous, le grand nombre, entraîné par la loi du besoin, doit prendre sa direction vers un état promptement productif ; que ceux qui sont appelés par la nature à des professions mécaniques s’empresseront (sauf quelques exceptions) à retourner dans la maison paternelle, ou à se former dans des ateliers ; et ce serait une véritable folie, une sorte de bienfaisance cruelle, de vouloir faire parcourir à tous les divers degrés d’une instruction inutile et par conséquent nuisible au plus grand nombre. [...]
Il doit exister une instruction gratuite : le principe est incontestable, mais jusqu’à quel point doit-elle être gratuite ? [...] Toute espèce d’instruction doit-elle être accordée gratuitement à chaque individu ? Non. La seule que la société doive avec la plus entière gratuité est celle qui est essentiellement commune à tous, parce qu’elle est nécessaire à tous.
Deuxième texte sur l’éducation
CONDORCET, député à l’Assemblée nationale
Extraits du Rapport sur l’organisation générale de l’instruction publique fait au nom du Comité d’instruction publique, à l’Assemblée nationale 20 et 21 avril 1792
L’instruction nationale pour passer de l’égalité de droit à l’égalité de fait
Messieurs, offrir à tous les individus de l’ espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’ assurer leur bien-être, de connaître et d’ exercer leurs droits, d’ entendre et de remplir leurs devoirs ; assurer à chacun d’ eux la facilité de perfectionner son industrie, de se rendre capable des fonctions sociales auxquelles il a droit d’ être appelé, de développer toute l’ étendue des talents qu’ il a reçus de la nature, et par là établir entre les citoyens une égalité de fait, et rendre réelle l’ égalité politique reconnue par la loi : tel doit être le premier but d’ une instruction nationale ; et, sous ce point de vue, elle est pour la puissance publique un devoir de justice. [...]
L’éducation politique et l’émancipation du citoyen à tous les âges
On enseigne, dans les écoles primaires, ce qui est nécessaire à chaque individu pour se conduire lui-même, et jouir de la plénitude de ses droits. Cette instruction suffira même à ceux qui profiteront des leçons destinées aux hommes pour les rendre capables des fonctions publiques les plus simples, auxquelles il est bon que tout citoyen puisse être appelé, comme celles de juré, d’ officier municipal. Toute collection de maisons renfermant quatre cents habitants, aura une école et un maître. [...]
Chaque dimanche, l’ instituteur ouvrira une conférence publique, à laquelle assisteront les citoyens de tous les âges : nous avons dans cette institution un moyen de donner aux jeunes gens celles des connaissances nécessaires qui n’ ont pu cependant faire partie de leur première éducation. On y développera les principes et les règles de la morale avec plus d’ étendue, ainsi que cette partie des lois nationales dont l’ ignorance empêcherait un citoyen de connaître ses droits et de les exercer. Ainsi, dans ces écoles les vérités premières de la science sociale précéderont leurs applications. [...]
Tant qu’ il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’ une opinion étrangère, [...] le genre humain restera partagé en deux classes : celle des hommes qui raisonnent et celle des hommes qui croient, celle des maîtres et celle des esclaves. En continuant ainsi l’ instruction pendant toute la durée de la vie, on empêchera les connaissances acquises dans les écoles de s’effacer trop promptement de la mémoire ; on entretiendra dans les esprits une activité utile ; on instruira le peuple des lois nouvelles, des observations d’ agriculture, des méthodes économiques qu’ il lui importe de ne pas ignorer.
On pourra lui montrer enfin l’ art de s’ instruire par soi-même, comme à chercher des mots dans un dictionnaire, à se servir de la table d’ un livre, à suivre sur une carte, sur un plan, sur un dessin, des narrations ou des descriptions, des notes ou des extraits. [...] L’ouverture de l’enseignement secondaire au plus grand nombre
Les écoles secondaires sont destinées aux enfants dont les familles peuvent se passer plus longtemps de leur travail, et consacrer à leur éducation un plus grand nombre d’ années, ou même quelques avances. Chaque district, et, de plus, chaque ville de quatre mille habitants, aura une de ces écoles secondaires. [...] Ce degré d’ instruction peut encore, à quelques égards, être envisagé comme universel ou plutôt comme nécessaire pour établir, dans l’ enseignement universel, une égalité plus absolue. Les cultivateurs, à la vérité, en sont réellement exclus lorsqu’ ils ne se trouvent pas assez riches pour déplacer leurs enfants ; mais ceux des campagnes, destinés à des métiers, doivent naturellement achever leur apprentissage dans les villes voisines, et ils recevront, dans les écoles secondaires, du moins la portion de connaissances qui leur sera le plus nécessaire. [...]
L’indépendance des écoles face aux églises et l’exclusion de tout enseignement religieux La première condition de toute instruction étant de n’ enseigner que des vérités, les établissements que la puissance publique y consacre doivent être aussi indépendants qu’ il est possible de toute autorité politique ; et comme, néanmoins, cette indépendance ne peut être absolue, il résulte du même principe, qu’ il faut ne les rendre dépendants que de l’ assemblée des représentants du peuple, parce que, de tous les pouvoirs, il est le moins corruptible, le plus éloigné d’ être entraîné par des intérêts particuliers, le plus soumis à l’ influence de l’ opinion générale des hommes éclairés, et surtout parce qu’ étant celui de qui émanent essentiellement tous les changements, il est dès lors le moins ennemi du progrès des lumières, le moins opposé aux améliorations que ce progrès doit amener. [...]
La constitution, en reconnaissant le droit qu’ a chaque individu de choisir son culte, en établissant une entière égalité entre tous les habitants de la France, ne permet point d’ admettre, dans l’instruction publique, un enseignement qui, en repoussant les enfants d’ une partie des citoyens, détruirait l’ égalité des avantages sociaux, et donnerait à des dogmes particuliers un avantage contraire à la liberté des opinions.
Il était donc rigoureusement nécessaire de séparer de la morale les principes de toute religion particulière, et de n’ admettre dans l’instruction publique l’enseignement d’ aucun culte religieux. Chacun d’ eux doit être enseigné dans les temples par ses propres ministres. Les parents, quelle que soit leur opinion sur la nécessité de telle ou telle religion, pourront alors sans répugnance envoyer leurs enfants dans les établissements nationaux ; et la puissance publique n’ aura point usurpé sur les droits de la conscience, sous prétexte de l’ éclairer et de la conduire. [...]
L’extension de la gratuité
Dans ses quatre degrés d’ instruction, l’enseignement sera totalement gratuit. L’ acte constitutionnel le prononce pour le premier degré ; et le second, qui peut aussi être regardé comme général, ne pourrait cesser d’être gratuit sans établir une inégalité favorable à la classe la plus riche, qui paye les contributions à proportion de ses facultés, et ne payerait l’enseignement qu’ à raison du nombre d’ enfants qu’ elle fournirait aux écoles secondaires.
Quant aux autres degrés, il importe à la prospérité publique de donner aux enfants des classes pauvres, qui sont les plus nombreuses, la possibilité de développer leurs talents. [...]
Troisième texte de la Révolution sur l’éducation
ROBESPIERRE & LEPELETIER DE SAINT FARGEAU
Extraits du Plan d’éducation nationale rédigé par Michel Lepeletier de Saint Fargeau, arrangé et défendu par Robespierre à la Convention
29 juillet 1793
De l’instruction publique à l’éducation nationale
Ce qui a été dit jusqu’ici ne remplit pas l’idée que je me suis formée d’un plan complet d’éducation. J’ai osé concevoir une plus vaste pensée ; & considérant à quel point l’espèce humaine est dégradée par le vice de notre ancien système social, je me suis convaincu de la nécessité d’opérer une entière régénération &, si je peux m’exprimer ainsi, de créer un nouveau peuple.
Former des hommes, propager les connaissances humaines ; telles sont les deux parties du problème que nous avons à résoudre. La première constitue l’éducation ; la seconde, l’instruction. Quant à l’une, le comité s’en est occupé & il vous a présenté des vues utiles. Pour l’autre, il l’a entièrement négligée. En un mot, son plan d’instruction publique me paraît fort satisfaisant ; mais il n’a point traité l’éducation.
Tout le système du comité porte sur cette base, l’établissement de quatre degrés d’enseignement, savoir : les écoles primaires, les écoles secondaires, les instituts, les lycées. [...] Mais avant les trois degrés supérieurs, qui ne peuvent devenir utile qu’à un petit nombre d’hommes, je cherche une instruction générale pour tous, convenable aux besoins de tous, qui est la dette de la République envers tous ; en un mot, une éducation vraiment & universellement nationale ; & j’avoue que le premier degré que le comité vous propose, sous le nom d’école primaires, me semble bien éloigné de présenter tous ces avantages.
D’abord je remarque avec peine que jusqu’à 6 ans l’enfant échappe à la vigilance du législateur & que cette portion importante de la vie reste abandonnée aux préjugés subsistants & à la merci des vieilles erreurs. A 6 ans, la loi commence à exercer son influence : mais cette influence n’est que partielle, momentanée ; & par la nature même des choses elle ne peut agir que sur le moindre nombre des individus qui composent la nation.
La plus grave inégalité va s’établir à raison des diverses facultés des parents : & ici les personnes aisées, c’est-à-dire le plus petit nombre, ont tout l’avantage. Quiconque peut se passer du travail de son enfant pour le nourrir a la facilité de le tenir aux écoles tous les jours & plusieurs heures chaque jour. Mais quant à la classe indigente, comment fera-telle ? Cet enfant pauvre, vous lui offrez bien l’instruction ; mais avant, il lui faut du pain. Son père laborieux s’en prive d’un morceau pour le lui donner ; mais il faut que l’enfant gagne l’autre. Son temps est enchaîné au travail, car au travail est enchaînée la subsistance.
Après avoir passé aux champs une journée pénible, voulez-vous que, pour repos, il s’en aille à l’école, éloignée peut-être d’une demi-lieue de son domicile ? Vainement vous établiriez une loi coercitive contre le père ; celui-ci ne saurait se passer journellement du travail d’un enfant qui, à 8, 9 & 10 ans, gagne déjà quelque chose. Un petit nombre d’heures par semaine, voilà tout ce qu’il peut sacrifier. Ainsi, l’établissement des écoles, telles qu’on les propose, ne sera, à proprement parler, bien profitable qu’au petit nombre de citoyens [...]
Nous devons fonder une éducation vraiment nationale, vraiment républicaine, également & efficacement commune à tous, la seule capable de régénérer l’espèce humaine, soit pour les dons physiques, soit pour le caractère moral ; en un mot, cette loi est l’établissement de l’institution publique. Consacrons-en le salutaire principe ; mais sachons y apporter les modifications que l’état actuel des esprits & l’intérêt industriel de la République peuvent rendre nécessaire. [...]
L’invention des programmes
J’ai adopté un moyen que je crois très efficace, pour donner à nos établissements d’institution publique la perfection dont ils sont susceptibles. C’est de publier des programmes. Dans mon projet de décret je vous en présente l’aperçu. Il m’a semblé facile de diviser les différents éléments dont l’ensemble complète notre cours d’éducation. les uns concernent la formation de l’être physique ; les autres ont rapport à la formation de l’être moral. Sur chacun de ces programmes, les citoyens seront invités à travailler & à concourir. [...]
Extraits du Projet de Décret sur l’Education Nationale présenté par le citoyen Robespierre
Art. I. Tous les enfants seront élevés aux dépens de la République, depuis l’âge de cinq ans jusqu’à douze pour les garçons, & depuis cinq ans jusqu’à onze pour les filles.
II. L’éducation nationale sera égale pour tous ; tous recevront même nourriture, mêmes vêtements, même instruction, mêmes soins.
III. L’éducation nationale étant la dette de la République envers tous, tous les enfants ont droit de la recevoir, & les parents ne pourront se soustraire à l’obligation de les faire jouir de ses avantages. [...]
montage de la sculpture : bassin jacob de lafontaine : aux chiottes la flotte !
De l’urinoir de Duchamp au « Bassin Jacob Delafontaine » à Mont de Marsan : la barbarie en marche : http://bit.ly/aG4Cv3
14 mai 2010
Apéro géant: "C'est l'alcool le responsable, pas Facebook"
On a peur de ce qu'on ne comprend/connait pas : il est clair que journalistes et politiques sont aussi ignares les uns que les autres et dire qu'ils nous dirigent !
Manolo Lama ayuda a un indigente
L'Espagne outrée: un journaliste se moque d'un mendiant en direct
13 mai 2010
Roleta Russa FAIL
Pour son mariage, le marié décide de jouer à la roulette russe. Je vous laisse imaginer la suite...
UNE VIE
12 mai 2010
Le sale petit secret d’AGASSI : la victoire ne change rien
4 – Le sale petit secret d’AGASSI : la victoire ne change rien
“Moi, je ne trouve pas que Wimbledon m’ait changé. J’ai m’impression, en fait, d’avoir découvert un sale petit secret : la victoire ne change rien. A présent que j’ai gagné un Grand Chelem, je sais des choses que très peu de gens sont autorisés à savoir, c’est qu’une victoire ne fait pas autant de bien qu’une défaite fait de mal, et la bonne impression qu’on en retire ne dure pas aussi longtemps que la mauvaise. Et de loin.”
Mince alors : tout ça pour ça ? Mais j’y pense : Yannick Noah a dis quelque chose de semblable lui aussi.