Imaginez... Dominique de Villepin, Jean-Marie Le Pen et Jean-François Copé embauchés - et donc payés - par TF1 pour commenter l'actualité politique. C'est ce qui se passe sur Fox News. La chaîne d'information de Rupert Murdoch est devenue le repaire de plusieurs candidats de droite potentiels à la présidentielle de 2012, qui confient régulièrement leurs points de vue sur Barack Obama et ses réformes. L'incontestable star de l'audimat, c'est Sarah Palin, l'ex-gouverneur de l'Alaska et l'égérie du mouvement des Tea Party. Mais il y a aussi Newt Gingrich, l'un des ténors du parti, Rick Santorum, un ex-sénateur, et Mike Huckabee, l'ancien gouverneur de l'Arkansas et ancien candidat aux présidentielles en 2008, qui anime sa propre émission le week-end. Seul Mitt Romney, lui aussi prétendant à la Maison-Blanche en 2008, n'émarge pas au budget de Fox News.
"Fox News semble avoir décidé de n'avoir plus besoin de maintenir même un semblant de neutralité", résume Paul Krugman, le Prix Nobel d'économie et éditorialiste au New York Times. Mais elle n'est pas la seule. MSNBC, le pendant de Fox à gauche, a recruté, elle aussi, des hommes politiques rémunérés. C'est une aubaine pour les candidats. Outre les émoluments, cela augmente leur visibilité, cela leur donne une tribune pour lancer des idées, sans jamais avoir à répondre à des questions déstabilisantes. À tel point que certains candidats, comme Christine O'Donnell en lice dans le Delaware, préfèrent se montrer sur Fox plutôt que de faire des meetings électoraux ou encore de parler à la presse locale.
C'est également parfait pour remplir les caisses de campagne. John Kasich, qui brigue le poste de gouverneur de l'Ohio, a donné une interview sur le site web de Fox News et a appelé à des contributions. Dans les douze heures qui ont suivi, il aurait récolté 21.000 dollars. "Que ferait-on en Amérique, sans Fox News ? Nous adorons notre Fox, oui !" clamait récemment Sarah Palin dans un meeting.
Et le grand gagnant est...
La politisation des chaînes du câble n'est pas nouvelle. Mais elle a atteint cette année des sommets. On ne compte plus les présentateurs télé qui se transforment en militants virulents. Glen Beck, star d'un talk-show sur Fox News, a organisé en août un énorme rassemblement religieux à Washington. Sean Hannity, un de ses collègues, a participé à des galas de collecte de fonds pour des candidats républicains. En réponse à Beck, Ed Schultz, l'un des présentateurs de MSNBC, a lancé sa propre manif démocrate début octobre et John Stewart et Stephen Colbert, qui présentent des journaux humoristiques sur Comedy Central, organisent le week-end prochain, encore à Washington, un grand rassemblement "pour restaurer le bon sens".
Le rôle de Fox News ne plaît pas à tous les républicains, notamment les autres présidentiables potentiels qui s'estiment défavorisés. Côté journalistes, cela pose aussi des questions déontologiques. Comment une chaîne d'information peut-elle couvrir les élections alors qu'elle emploie toute une brochette de candidats ? Ensuite, Sarah Palin et ses collègues ont signé des contrats d'exclusivité qui leur interdisent de causer aux autres chaînes. Il faut donc d'abord obtenir la permission de Fox News, avant de pouvoir interviewer Palin ! Comme le résumait David Frum, la plume de George W. Bush, les républicains pensaient au départ que Fox travaillait pour eux, mais ils découvrent qu'ils travaillent pour Fox.
25 octobre 2010
ÉLECTIONS : "Que ferait-on en Amérique, sans Fox News ?, actualité Monde : Le Point
via lepoint.fr
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire