Descartes est souvent dépeint comme le héros de la modernité. Pour tempérer ce discours, les études cartésiennes s’emploient aussi à montrer les continuités afin de mieux mettre au jour sa vraie nouveauté.
Une révolution : c’est ainsi que l’on a longtemps qualifié l’œuvre de Descartes en philosophie. Avec lui, la pensée sortait pour de bon du Moyen Âge, c’est-à-dire de siècles de « disputes » associées à la doctrine d’Aristote, auteur qui, pour beaucoup d’esprits, était resté « le Philosophe ». Descartes, le premier, osait bâtir avec tout le soin d’un bon architecte une nouvelle philosophie capable de supplanter la « philosophie vulgaire » des collèges et des universités. Cette philosophie renversait la vieille physique verbeuse et spéculative pour ramener l’étude de la nature à la seule considération des figures et mouvements. Le corps humain devenait une machine, l’âme une simple « chose qui pense », dotée par Dieu de certaines idées et assurée par lui de son expérience du vrai. Partout s’imposait, à partir du Cogito, une nouvelle règle des idées claires et distinctes, autrement dit un contrôle des vérités accessibles à l’esprit humain par les nouveaux droits d’une raison formée aux mathématiques. Descartes, « véritable initiateur de la philosophie moderne, en tant qu’il a pris le penser pour principe » : ces mots de Hegel ont longtemps exprimé une certitude partagée.
14 juin 2011
Descartes. Une révolution en philosophie ? - Denis Kambouchner, article
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