« Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt », dit le proverbe. La cohorte des hommes politiques et des éditorialistes qui se sont ces derniers jours déchaînés contre Luc Ferry n’est certes pas à ranger dans la catégorie des imbéciles, mais bien plutôt dans celle des Tartuffes.
Si ces indignés de circonstance, drapés dans les grands principes, ont feint avec une telle unanimité de ne pas entendre ce que Luc Ferry voulait dire, c’est dans le but, du reste avoué, de clore le débat sur l’information et la vie privée qui a suivi l’affaire Strauss-Kahn. « Circulez, nous dit-on, il n’y a rien à voir ! D’ailleurs, comme vous pouvez le constater, quand on veut briser l’omerta, on en dit trop ou pas assez ».
Les éléments de langage ont été repris en chœur par toute la caste politico-médiatique, étrangement soucieuse d’exhiber son corporatisme auprès des misérables voyeurs suspicieux que nous sommes à ses yeux. Dans un bel élan de pensée moutonnière, on nous a expliqué soit que Luc Ferry n’en disait « pas assez » - se rendant ainsi coupable de « non dénonciation de crime » (pure désinformation de la part de gens qui savent fort bien qu’une telle imputation est en l’espèce impossible et dénuée de sens) -, soit qu’il en disait « trop » en évoquant une affaire au sujet de laquelle il ne disposait, selon ses propres dires, d’aucune preuve.
Contrairement pourtant à ce qui a été répété à satiété de manière éhontée, Luc Ferry n’a rien « révélé », il n’a dénoncé ni calomnié personne. Il s’est appuyé sur un article paru deux jours auparavant dans un journal sérieux (ce qu’on ne peut tout de même pas appeler « colporter une rumeur ») pour mettre en évidence le dilemme auquel se heurte nécessairement l’information relative à la vie privée : même lorsqu’il est question de faits criminels, qui regardent la justice autant que le public, et rendent par conséquent l’omerta intenable, la transparence est néanmoins impossible, parce que la loi protège légitimement la vie privée des individus, interdisant que l’on puisse les mettre en cause sans preuves.
07 juin 2011
Luc Ferry et les "faux culs" | Atlantico
via atlantico.fr
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire