Foin de demi-mesures ! La Grèce, si elle veut s’en sortir, doit décréter un véritable état d’urgence, car on ne construit pas de toutes pièces et dans l’urgence un État de droit en ménageant les susceptibilités et en croisant les doigts pour que l’ancien système accepte de se saborder. Les bailleurs de fonds de l’État hellénique, Union européenne et Fonds monétaire international (FMI), sont en train de prendre la mesure des résistances de la société grecque au changement alors même que leur pays a les plus grandes difficultés à redresser ses comptes. Certes, les finances publiques s’améliorent, les impôts rentrent mieux, mais tout cela se fait trop lentement, ce qui va les obliger à mettre à nouveau la main au portefeuille pour soutenir un pays dont les élites polico-administratives se cabrent sous l’effort.
Ainsi, l’opposition conservatrice, qui porte pourtant une large part de responsabilité dans le marasme actuel, refuse toute idée d’union nationale, à la différence de ce qui se passe en Irlande et au Portugal, ce qui inquiète les partenaires d’Athènes. Au sein même du Pasok, le parti au pouvoir, les réticences face aux mesures d’austérité sont de plus en plus grandes, beaucoup de politiciens voyant notamment avec inquiétude la privatisation programmée de nombreuses entreprises publiques qui va les priver de juteux fromages. Les trop nombreux fonctionnaires, souvent embauchés en récompense de leur affiliation au parti au pouvoir, ont entamé une grève du zèle, furieux de voir leur salaire et pension baissés, au moment même où ils devraient au contraire se mobiliser pour sauver leur pays. Résultat : les réformes ne sont pas ou mal appliquées et la lutte contre la fraude fiscale marque le pas. Comme l’a reconnu le Premier ministre grec : « l’un des problèmes majeurs que nous avons eus dans la mise en œuvre de notre programme est la capacité de nos fonctionnaires à faire de profonds changements et réformes. »
10 juin 2011
La Grèce ou les écuries d’Augias - Coulisses de Bruxelles, UE
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