En 1968, Paul Ehrlich, biologiste américain de l’université de Stanford, publie "The Population Bomb". La thèse développée par Ehrlich dans son best-seller est un condensé de pessimisme malthusien qui prédit que la croissance de la population mondiale engendrera des famines massives au cours des années 70 et 80. Ehrlich en appelle aux gouvernements pour qu’ils mettent en place, le plus vite possible, des politiques de limitation de la croissance de la population. Après tout, quoi de plus logique ? Nous vivons dans un monde de ressources finies et la population mondiale explose : l’idée selon laquelle nous devrions être confrontés à des pénuries semble tout ce qu’il y a de plus raisonnable.
Le pari de Simon
En 1980, un professeur d’économie nommé Julian Simon proposa au désormais célèbre biologiste un simple pari : miser 200 dollars sur le prix de cinq matières premières choisies par Ehrlich à une date également déterminée par le biologiste. Si, à la date prévue, les prix (ajustés de l’inflation) des ressources naturelles sélectionnées étaient effectivement plus élevés qu’en 1980, l’économiste devait payer la différence et dans le cas contraire, c’est Ehrlich qui devait régler la somme à Simon. Après avoir consulté John Harte et John Holdren, deux physiciens de l’université de Berkeley, Ehrlich accepta le pari et, le 29 septembre 1980, misa mille dollars sur la croissance des prix du cuivre, du chrome, du nickel, de l’étain et du tungstène au cours de la décennie à venir.
De 1980 à 1990, la population mondiale augmenta de huit cents millions d’individus, la plus forte augmentation jamais observée jusque-là, mais le 29 septembre 1990 – quand le pari arriva à son terme – les prix ajusté de l’inflation des cinq métaux sélectionnés par Ehrlich avaient baissé – tous, sans aucune exception. Ehrlich perdit donc son pari et – rendons lui cet honneur – honora son contrat en postant un chèque de 576,07 dollars à l’ordre de Simon mais refusa toujours de renouveler le pari.
Le malthusianisme en question
Les thèses malthusiennes ont toujours eu cette particularité de faire vendre énormément de livres et de rendre leurs auteurs célèbres tout en se révélant a posteriori fausses. Malgré leurs indiscutables compétences techniques, ce que les biologistes, physiciens, géologues et autres spécialistes qui les défendent ont toujours oublié est un paramètre essentiel : le marché. Simon, lui, était économiste et savait que – sauf intervention d’un gouvernement – quand une ressource se raréfie à demande constante, son prix augmente et cette hausse des cours a principalement deux effets.
Règle numéro une : plus le prix d’un produit augmente, plus sa production est profitable. A 1 400 dollars l’once d’or, on voit rouvrir les mines d’or californiennes. Avec un baril de pétrole à plus de cent dollars, les sables bitumeux canadiens deviennent exploitables. La hausse des cours c’est précisément le mécanisme de marché qui provoquera l’accroissement de la production et donc, la stabilisation des prix.
L'ingéniosité humaine triomphe toujours
Règle numéro deux : plus les prix d’une ressource sont élevés, plus le développement d’une alternative devient un projet économiquement rentable. Lorsque Lord Kelvin, physicien et mathématicien irlandais, prédisait l’épuisement des ressources mondiales de charbon en 1902, il était loin d’imaginer que quelques entrepreneurs texans venaient juste de fonder la future Texaco et que des Britanniques investissaient déjà dans les plaines d’Azerbaïdjan.
Parier sur la disparition ou sur la hausse continue des cours des matières premières, c’est parier contre l’ingéniosité humaine. Et ça, c'est un pari extrêmement risqué.
11 mars 2011
Pétrole : la flambée du prix des cours du pétrole constitue-t-elle un danger ? | Atlantico
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