09 octobre 2014
26 septembre 2014
Grève des pilotes : la France irréformable
UNE - Rupture de confiance entre
la direction et les salariés, manque de compétitivité, de flexibilité,
grève... Pour Nicolas Bouzou, le conflit qui paralyse Air France
symbolise l'incapacité française à réformer.
Nicolas Bouzou est un essayiste
français spécialisé dans l'économie. Il a été pendant six ans analyste
en chef de l'institut de prévisions Xerfi. Il a depuis fondé sa propre
entreprise, Asterès, une société d'analyse économique et de conseil. Il
est diplômé en économie de l'université Paris X Nanterre et Mastère de
Finance, de l'IEP de Paris. Il est l'auteur d'une note pour la Fondation
pour l'innovation politique: Un accès équitable aux thérapies du cancer.
La grève à Air France
vient hystériser un peu plus un climat économique et social déjà
délétère. Et comme d'habitude, une victime expiatoire a été trouvée.
Cette fois ce sont les pilotes qui sont désignés grosso modo comme des
privilégiés irresponsables. Passons sur l'accusation de privilégié
brandie dès qu'on gagne un peu d'argent, ce qui frise parfois la
débilité. Un privilège protège et les pilotes, via les contrôles
obligatoires, remettent leur métier en jeu tous les 6 mois. Soyons
précis sur les termes. Ces anathèmes soulagent mais cela vaut peut-être
le coup d'aller au-delà de cette passion adolescente qu'est
l'indignation pour comprendre d'où vient cette situation de blocage qui
engage le processus vital de la compagnie. Le sujet, ce ne sont pas les
dizaines de millions d'euros que coûte la grève. C'est que cette grève
nous a donné une excellente occasion d'essayer d'autres compagnies qui
présentent un excellent rapport qualité prix. Désormais, nous
n'emprunterons plus Air France par automatisme. Cette rupture de
fidélisation est dramatique pour une compagnie financièrement à peine
convalescente. Mais là n'est pas l'essentiel. Swiss Air a disparu et la
Suisse va bien. Le problème c'est qu'Air France reflète nos
comportements collectifs. Air France souffre, comme la France, d'une
crise d'adaptation à la mondialisation. Air France souffre, comme la
France, d'un retard dans les réformes. Air France souffre, comme la
France, d'une rupture de confiance entre la direction (l'équivalent de
son Gouvernement) et ses salariés (l'équivalent des citoyens).
Le
processus de libéralisation du transport aérien a débuté en Europe à la
fin des années 1980. Aujourd'hui, la concurrence dans le secteur est
intense. Ce choc concurrentiel mondial a eu comme toujours un impact
positif sur l'activité et l'emploi dans le secteur. En revanche, il a
généré des effets redistributifs violents au profit des nouveaux
entrants. Qu'on en juge: Air France fait voler moins de 150 avions
destinés au court et moyen-courrier contre 200 pour Easyjet et plus de
300 pour Ryanair. Air France aurait dû s'adapter il y a 10 ans, en
développant une marque low cost et en montant en gamme pour la clientèle
d'affaires. Elle ne l'a pas fait. Aujourd'hui, il semble que la
direction tente de rattraper précipitamment le retard en imaginant
l'implantation d'une filiale Transavia Europe au Portugal, pays plus
attractif que la France (ce n'est pas difficile) pour les entreprises en
matière de charges sociales et de droit du travail. Les pilotes ne
veulent pas en entendre parler de ce qui s'appelle effectivement une
délocalisation. L'opinion publique est sévère avec les grévistes mais
personne n'aime voir son entreprise délocaliser une partie de sa
production même quand c'est nécessaire. La réaction des pilotes est
passionnelle et non intellectuelle exactement comme celle des salariés
d'usine qui voient leur site français fermer. Il y a là une leçon
générale à en tirer: plus on attend pour faire des réformes, plus le
coût à supporter sera pénible. Les conservateurs de toutes eaux, ceux
qui nous expliquent que l'éducation nationale et la justice fonctionnent
bien ou qu'il n'est point besoin de réformer l'Etat devraient s'en
rappeler.
La direction d'Air France semble
avoir perdu la confiance des pilotes. C'est ce que le taux de gréviste
rappelle. Ce ne sont pas 50 ou 60% des avions d'Air France qui ont été
cloués au sol ces derniers jours mais plutôt 80%. La différence entre
ces chiffres tient au fait que d'autres compagnies ont été mobilisées
pour effectuer une partie des vols prévus. Les pilotes reprochent à la
direction de ne pas avoir respecté certains accords signés par les deux
parties au sujet du développement de Transavia, ce qui est vrai. Il
était notamment prévu qu'au-delà du 14ème avion acheté par Transavia,
les pilotes affectés à ces trajets «loisirs» soient ceux d'Air France au
statut Air France et non ceux d'une filiale. La direction a fait
volte-face exactement comme François Hollande
a minimisé la crise pendant sa campagne avant de découvrir les vertus
de la baisse des dépenses publiques et de la compétitivité. De même, la
création de Transavia Europe n'a été annoncée au début septembre. En
vérité, il me semble que la direction d'Air France veut isoler Transavia
pour éviter qu'Air France ne «contamine» la filiale avec des conditions
financières et sociales jugées trop avantageuses dans le champ
concurrentiel actuel. Pourquoi pas si le redressement le nécessite? Mais
le minimum, c'est d'avoir le courage de le dire et de l'expliquer les
yeux dans les yeux aux équipes de la même façon que les Français sont en
droit de savoir comment on va trouver 50 milliards d'euros pour
diminuer la dépense publique, un objectif louable en soi. Le
Gouvernement, actionnaire très minoritaire de la compagnie, envenime les
choses, apportant son soutien à la direction pour acheter la paix
sociale et non pas en expliquant à nos concitoyens les enjeux.
Les
pilotes ont vis-à-vis de leur direction le même sentiment que les
Français vis-à-vis de leur Gouvernement. Ils sont sans doute
conservateurs, regrettent a posteriori de ne pas avoir subi plus de
réformes par le passé et le reprochent à leur direction qui tente de
rattraper maladroitement le retard perdu sans nommer les choses
clairement et tenir les engagements qu'elle avait pris pour conserver la
paix sociale. De fait, nous sommes tous un peu des pilotes.
la direction et les salariés, manque de compétitivité, de flexibilité,
grève... Pour Nicolas Bouzou, le conflit qui paralyse Air France
symbolise l'incapacité française à réformer.
Nicolas Bouzou est un essayiste
français spécialisé dans l'économie. Il a été pendant six ans analyste
en chef de l'institut de prévisions Xerfi. Il a depuis fondé sa propre
entreprise, Asterès, une société d'analyse économique et de conseil. Il
est diplômé en économie de l'université Paris X Nanterre et Mastère de
Finance, de l'IEP de Paris. Il est l'auteur d'une note pour la Fondation
pour l'innovation politique: Un accès équitable aux thérapies du cancer.
La grève à Air France
vient hystériser un peu plus un climat économique et social déjà
délétère. Et comme d'habitude, une victime expiatoire a été trouvée.
Cette fois ce sont les pilotes qui sont désignés grosso modo comme des
privilégiés irresponsables. Passons sur l'accusation de privilégié
brandie dès qu'on gagne un peu d'argent, ce qui frise parfois la
débilité. Un privilège protège et les pilotes, via les contrôles
obligatoires, remettent leur métier en jeu tous les 6 mois. Soyons
précis sur les termes. Ces anathèmes soulagent mais cela vaut peut-être
le coup d'aller au-delà de cette passion adolescente qu'est
l'indignation pour comprendre d'où vient cette situation de blocage qui
engage le processus vital de la compagnie. Le sujet, ce ne sont pas les
dizaines de millions d'euros que coûte la grève. C'est que cette grève
nous a donné une excellente occasion d'essayer d'autres compagnies qui
présentent un excellent rapport qualité prix. Désormais, nous
n'emprunterons plus Air France par automatisme. Cette rupture de
fidélisation est dramatique pour une compagnie financièrement à peine
convalescente. Mais là n'est pas l'essentiel. Swiss Air a disparu et la
Suisse va bien. Le problème c'est qu'Air France reflète nos
comportements collectifs. Air France souffre, comme la France, d'une
crise d'adaptation à la mondialisation. Air France souffre, comme la
France, d'un retard dans les réformes. Air France souffre, comme la
France, d'une rupture de confiance entre la direction (l'équivalent de
son Gouvernement) et ses salariés (l'équivalent des citoyens).
Le
processus de libéralisation du transport aérien a débuté en Europe à la
fin des années 1980. Aujourd'hui, la concurrence dans le secteur est
intense. Ce choc concurrentiel mondial a eu comme toujours un impact
positif sur l'activité et l'emploi dans le secteur. En revanche, il a
généré des effets redistributifs violents au profit des nouveaux
entrants. Qu'on en juge: Air France fait voler moins de 150 avions
destinés au court et moyen-courrier contre 200 pour Easyjet et plus de
300 pour Ryanair. Air France aurait dû s'adapter il y a 10 ans, en
développant une marque low cost et en montant en gamme pour la clientèle
d'affaires. Elle ne l'a pas fait. Aujourd'hui, il semble que la
direction tente de rattraper précipitamment le retard en imaginant
l'implantation d'une filiale Transavia Europe au Portugal, pays plus
attractif que la France (ce n'est pas difficile) pour les entreprises en
matière de charges sociales et de droit du travail. Les pilotes ne
veulent pas en entendre parler de ce qui s'appelle effectivement une
délocalisation. L'opinion publique est sévère avec les grévistes mais
personne n'aime voir son entreprise délocaliser une partie de sa
production même quand c'est nécessaire. La réaction des pilotes est
passionnelle et non intellectuelle exactement comme celle des salariés
d'usine qui voient leur site français fermer. Il y a là une leçon
générale à en tirer: plus on attend pour faire des réformes, plus le
coût à supporter sera pénible. Les conservateurs de toutes eaux, ceux
qui nous expliquent que l'éducation nationale et la justice fonctionnent
bien ou qu'il n'est point besoin de réformer l'Etat devraient s'en
rappeler.
La direction d'Air France semble
avoir perdu la confiance des pilotes. C'est ce que le taux de gréviste
rappelle. Ce ne sont pas 50 ou 60% des avions d'Air France qui ont été
cloués au sol ces derniers jours mais plutôt 80%. La différence entre
ces chiffres tient au fait que d'autres compagnies ont été mobilisées
pour effectuer une partie des vols prévus. Les pilotes reprochent à la
direction de ne pas avoir respecté certains accords signés par les deux
parties au sujet du développement de Transavia, ce qui est vrai. Il
était notamment prévu qu'au-delà du 14ème avion acheté par Transavia,
les pilotes affectés à ces trajets «loisirs» soient ceux d'Air France au
statut Air France et non ceux d'une filiale. La direction a fait
volte-face exactement comme François Hollande
a minimisé la crise pendant sa campagne avant de découvrir les vertus
de la baisse des dépenses publiques et de la compétitivité. De même, la
création de Transavia Europe n'a été annoncée au début septembre. En
vérité, il me semble que la direction d'Air France veut isoler Transavia
pour éviter qu'Air France ne «contamine» la filiale avec des conditions
financières et sociales jugées trop avantageuses dans le champ
concurrentiel actuel. Pourquoi pas si le redressement le nécessite? Mais
le minimum, c'est d'avoir le courage de le dire et de l'expliquer les
yeux dans les yeux aux équipes de la même façon que les Français sont en
droit de savoir comment on va trouver 50 milliards d'euros pour
diminuer la dépense publique, un objectif louable en soi. Le
Gouvernement, actionnaire très minoritaire de la compagnie, envenime les
choses, apportant son soutien à la direction pour acheter la paix
sociale et non pas en expliquant à nos concitoyens les enjeux.
Les
pilotes ont vis-à-vis de leur direction le même sentiment que les
Français vis-à-vis de leur Gouvernement. Ils sont sans doute
conservateurs, regrettent a posteriori de ne pas avoir subi plus de
réformes par le passé et le reprochent à leur direction qui tente de
rattraper maladroitement le retard perdu sans nommer les choses
clairement et tenir les engagements qu'elle avait pris pour conserver la
paix sociale. De fait, nous sommes tous un peu des pilotes.
30 juillet 2014
26 juin 2014
25 juin 2014
L’univers n’était pas fait pour exister, selon une étude britannique - 20minutes.fr
Ça a failli être un big-bang scientifique, mais ce n’est qu’un pschitt interstellaire. Une étude de cosmologues britanniques du King’s College de Londres démontre que l’univers n’aurait simplement pas dû exister. Ou plutôt, qu’il n’aurait dû exister qu’une seconde après le Big Bang.
Les chercheurs expliquent qu’après le Big Bang, l’univers a connu une phase d’expansion très rapide durant laquelle de la matière a été expulsée à un taux exponentiel dans toutes les directions, créant ainsi un univers plat et dont les radiations sont uniformément distribuées.
La théorie du Big Bang en question
Mais les dernières observations de ces ondes gravitationnelles couplées aux informations sur les particules du boson de Higgs, pourraient remettre en cause le modèle admis par la communauté scientifique: «Le potentiel de Higgs mesuré actuellement est métastable, c’est-à-dire qu’il peut varier, explique Patrick Peter, directeur de recherches au CNRS et à l’Institut d’astrophysique de Paris. Il est donc possible qu’il soit déstabilisé par la phase d’inflation et cela indiquerait que le modèle standard de physique des particules n’est pas complet.»
Ce n’est donc pas tant l’existence de l’univers que la validité du modèle théorique du Big Bang qui est remise en cause: «Aux dernières nouvelles, l’univers semble exister, sourit Patrick Peter, donc il semble que les données utilisées aujourd’hui ne soient pas opérationnelles.» Le modèle standard de la physique des particules risque bien de se faire bousculer par le boson de Higgs.
Les mammifères urinent (presque) tous en 21 secondes
et vivent 500 millions à 1 milliard de battements de cœur...
24 juin 2014
La stupidité économique expliquée par le foot
En prenant l'exemple des penalty, le Business Insider nous explique l'irrationalité des décisions de politique économique. Assez génial.
Dans les compétitions de 1ère division, un tireur de penalty a 75% de chances de marquer un but. Bien, mais peut mieux faire.
Comment ? Si, au lieu de tirer sur les côtés, il vise au centre. Les statistiques sont formelles : le goal va plonger à 57% du côté opposé au pied avec lequel le tireur shoote, à 41% du même côté… et ne restera au centre que dans 2% des cas. Or, 83% des penalty sont tirés, non pas au centre, mais vers un des deux côtés du but ! Dingue, non ?
Pourquoi ? Parce que ne pas faire comme les autres équivaut à prendre un risque personnel énorme.
Vous tirez selon les règles (vers les côtés) et votre but est arrêté :
on ne vous reprochera pas grand chose. Vous tirez de manière hétérodoxe
(au centre) et vous ne marquez pas : on ne vous pardonnera jamais !
Vous tirez selon les règles (vers les côtés) et votre but est arrêté :
on ne vous reprochera pas grand chose. Vous tirez de manière hétérodoxe
(au centre) et vous ne marquez pas : on ne vous pardonnera jamais !
Résultat ? Vous choisissez ce qui minimise les risques pour vous, en sachant parfaitement que la décision maximisant l'intérêt général (les chances de victoire de l'équipe) est différente de celle que vous prenez. On a rarement vu une explication aussi limpide des décisions de politique économique en France depuis 30 ans.
23 juin 2014
19 juin 2014
18 juin 2014
17 juin 2014
13 juin 2014
La grand fête du "foot mafia" débute aujourd'hui
Alors que commence la Coupe du monde et que vient de
s'achever le 64e congrès de la FIFA à São Paulo, le journaliste écossais
Andrew Jennings publie "Omerta, la FIFA de Blatter, une histoire de
mafia". Une enquête autoéditée qui revient sur l'achat des votes lors de
l'attribution des événements internationaux, le trafic de billets et
décrit la direction de la fédération sportive en "syndicat du crime".
26 mai 2014
Les députés européens Français sont des nons à rien qui s'en foutent
La Fondation Robert Schuman publiait en janvier dernier son étude intitulée "L'influence de la France au Parlement européen". On y apprenait que les députés européens français sont : 1) Les moins expérimentés avec 1,8 mandat vs 2,4 pour un Allemand ou un Anglais. 2) Les moins impliqués : 40,5% de nos députés européens sont des cumulards vs 11,1% des Espagnols ou 4,1% des Britanniques. 3) Les moins motivés : 18% abandonnent leur mandat en cours de route. On change tout ça. |
23 mai 2014
21 mai 2014
19 mai 2014
28 avril 2014
Bouygues cherche depuis des mois à vendre sa participation de 29,4 % pour payer ses actionnaires
Stratégie à cours terme qu'il a depuis plusieurs années.
25 avril 2014
24 avril 2014
23 avril 2014
22 avril 2014
14 avril 2014
10 avril 2014
04 avril 2014
02 avril 2014
On sait enfin pourquoi le zèbre a des rayures - 20minutes.fr
Une nouvelle étude apporte une réponse à cette question qui torture les scientifiques…
Certainss’achètent des parures pour plaire, le zèbre lui s'est laissé pousser
des rayures pour déplaire aux insectes, selon une étude publiée ce
mardi. C’est ainsi pour protéger son espèce des morsures de la mouche
tsé-tsé et autres taons assoiffés de sang que la robe du zèbre alterne
le blanc et le noir.
L’hypothèse de l’insecte vérifiée
Une expérience récente a démontré que les mouches parasites avaientnettement moins tendance à se poser sur des surfaces rayées de noir et
de blanc que sur des couleurs unies. Mais de nombreuses autres
hypothèses étaient toujours évoquées: se camoufler, semer la confusion
chez ses prédateurs… Les différentes explications n’avaient jamais été
confrontées systématiquement dans une étude. Pour tenter de démêler
l'écheveau, Tim Caro, biologiste à l'Université de Californie, et ses
collègues américains ont donc testé ces multiples facteurs auprès de
différentes espèces d'équidés, rayées ou pas. Ils ont bien trouvé des
associations étroites entre la présence de rayures sur tout le corps et
l'activité des taons, ainsi qu'entre les rayures sur le ventre et la
présence de mouches tsé-tsé dans leur milieu. «A l'inverse, rien ne
vient étayer de manière convaincante les hypothèses du camouflage, de
l'évasion face aux prédateurs, de la régulation thermique ou des
interactions sociales», écrivent les chercheurs dans la revue Nature
Communications.
Une histoire de poils
Les mouches parasites semblent donc bien être le principal facteurévolutif à l'origine de l'apparition des rayures. Une parade efficace si
l'on en croit des observations indirectes : on trouve peu de sang de
zèbre dans le tube digestif des mouches tsé-tsé et le taux de prévalence
de la «maladie du sommeil» (trypanosomiase africaine) est bien moindre
chez le zèbre que chez son cousin, le cheval domestique (lui aussi du
genre Equus), sévèrement touché par cette maladie dans de nombreuses
régions d'Afrique, relèvent les auteurs. «Pourquoi donc les équidés
africains seraient-ils si sensibles aux morsures de mouches» au point
d'avoir évolué pour s'en prémunir? C'est que leurs poils sont à la fois
moins épais et moins longs que ceux des autres ongulés africains,
girafes et antilopes par exemple, avance l'étude.
Outre les nombreuses maladies véhiculées par les mouches parasites
(grippe équine, peste équine, anémie infectieuse, etc.), le sang sucé
par les taons peut atteindre un volume considérable: jusqu'à un
demi-litre par jour chez une vache, comme observé aux Etats-Unis.
01 avril 2014
26 mars 2014
25 mars 2014
FN à Avignon : Py fait de la bien pensance
FIGAROVOX/HUMEUR : Alors que le FN
est arrivé en tête au premier tour des municipales dimanche à Avignon,
Olivier Py, le directeur du Festival de théâtre estime «impossible la
collaboration avec une mairie tenue par le Front national». L'écrivain
Christian Combaz s'est glissé dans la peau d'un acteur pour lui répondre
...
est arrivé en tête au premier tour des municipales dimanche à Avignon,
Olivier Py, le directeur du Festival de théâtre estime «impossible la
collaboration avec une mairie tenue par le Front national». L'écrivain
Christian Combaz s'est glissé dans la peau d'un acteur pour lui répondre
...
Olivier, tu me fatigues depuis longtemps,
précisément depuis tes débuts à l'Odéon il y a sept ans, où ton côté
«frère prêcheur qui explique à tout le monde ce qu'est le péché
originel» avait fini par se calmer mais depuis hier l'ivresse de
l'apostolat t'a visiblement repris.
Je t'adresse ces quelques mots sous
couvert d'anonymat sans en éprouver la moindre honte ni devant les
lecteurs du Figaro, ni surtout devant toi, car tu sais mieux que
personne combien le milieu du théâtre français est digne du Hollywood
des années McCarthy. Tu n'ignores pas ce que je risquerais à t'écrire
sans masque.
Désormais le Front national a
donc remplacé les communistes devant la réprobation des bien-pensants
mais ce sont les mêmes mécanismes psychologiques qui sont à l'œuvre, la
même stérilité de pensée, la même injustice faite à celui ou celle qui
n'a pas ton sens exacerbé de l'inadmissible. Le résultat d'une élection
régulière n'est pas inadmissible . Je trouve parfaitement indigne la
façon dont tu donnes des gages au milieu théâtral pour déjouer la
critique et te placer d'emblée, d'autorité, préventivement, dans le camp
des gens bien, contre une famille de pensée que tu juges , j'imagine,
criminelle. Pour dénoncer les crimes de quelqu'un , on attend d'être sûr
qu'il s'apprête à les commettre ou qu'il les ait commis. Or en cas de
victoire du Front national à Avignon, j'ai tendance à trouver qu'un
directeur de festival équilibré devrait dire: nous serons attentifs.
Mais il devrait se garder faire de la résistance, comme tu le fais à
grands renforts de publicité et d'effets de manche au nom de la morale.
Pendant toute ma carrière, certes
moins enviable que la tienne, j'aurai dû ruser avec la gauche
inquisitrice, celle qui soupçonne certains acteurs, certains auteurs
d'avoir trop d'indulgence pour la bourgeoisie, celle qui s'arrange pour
balancer, au milieu d'un dîner, une phrase qui soit de nature à
débusquer les réactionnaires, celle qui nous a pourri la vie, subtilisé
les subventions, volé les occasions de casting dans les années fastes,
les années fric, les années Lang.
Je serai passé pour un réac
malgré moi, à cause de mon mariage, de mes amis, de l'argent de mes
parents. J'aurai vécu du théâtre, que j'aime tant, comme un paria parce
que je ne faisais pas d'agit-prop chez Michel Drucker
en touchant des cachets de diva. À présent j'ai de la peine de voir que
tu te conduis comme Judas ou pire, comme saint Pierre, pour reprendre
tes références évangéliques, quand les soldats sont venus arrêter Jésus
et qu'il a répété trois fois «je ne le connais pas».
Visiblement
tu veux te démarquer publiquement d'une certaine sensibilité droitère
avant qu'il ne soit trop tard pour ton image, déjà compromise par le
catholicisme aux yeux de tes amis et soutiens. Tu ne connais pas le
visage des offensés qui votent mal. Tu ne veux pas déplaire aux Ponce
Pilate si nombreux dans le camp des gens comme il faut. Tu ne fais
crédit à personne de sa bonne volonté éventuelle pas même quand il
s'agit de la population d'une ville. Tu te défies, tu te démarques, tu
ne veux même pas écouter le peuple quand il n'est pas content. Bref tu
es du côté du manche. Restes-y. Mais rappelle-toi que la résistance,
c'est le contraire.
précisément depuis tes débuts à l'Odéon il y a sept ans, où ton côté
«frère prêcheur qui explique à tout le monde ce qu'est le péché
originel» avait fini par se calmer mais depuis hier l'ivresse de
l'apostolat t'a visiblement repris.
Je t'adresse ces quelques mots sous
couvert d'anonymat sans en éprouver la moindre honte ni devant les
lecteurs du Figaro, ni surtout devant toi, car tu sais mieux que
personne combien le milieu du théâtre français est digne du Hollywood
des années McCarthy. Tu n'ignores pas ce que je risquerais à t'écrire
sans masque.
Désormais le Front national a
donc remplacé les communistes devant la réprobation des bien-pensants
mais ce sont les mêmes mécanismes psychologiques qui sont à l'œuvre, la
même stérilité de pensée, la même injustice faite à celui ou celle qui
n'a pas ton sens exacerbé de l'inadmissible. Le résultat d'une élection
régulière n'est pas inadmissible . Je trouve parfaitement indigne la
façon dont tu donnes des gages au milieu théâtral pour déjouer la
critique et te placer d'emblée, d'autorité, préventivement, dans le camp
des gens bien, contre une famille de pensée que tu juges , j'imagine,
criminelle. Pour dénoncer les crimes de quelqu'un , on attend d'être sûr
qu'il s'apprête à les commettre ou qu'il les ait commis. Or en cas de
victoire du Front national à Avignon, j'ai tendance à trouver qu'un
directeur de festival équilibré devrait dire: nous serons attentifs.
Mais il devrait se garder faire de la résistance, comme tu le fais à
grands renforts de publicité et d'effets de manche au nom de la morale.
Pendant toute ma carrière, certes
moins enviable que la tienne, j'aurai dû ruser avec la gauche
inquisitrice, celle qui soupçonne certains acteurs, certains auteurs
d'avoir trop d'indulgence pour la bourgeoisie, celle qui s'arrange pour
balancer, au milieu d'un dîner, une phrase qui soit de nature à
débusquer les réactionnaires, celle qui nous a pourri la vie, subtilisé
les subventions, volé les occasions de casting dans les années fastes,
les années fric, les années Lang.
Je serai passé pour un réac
malgré moi, à cause de mon mariage, de mes amis, de l'argent de mes
parents. J'aurai vécu du théâtre, que j'aime tant, comme un paria parce
que je ne faisais pas d'agit-prop chez Michel Drucker
en touchant des cachets de diva. À présent j'ai de la peine de voir que
tu te conduis comme Judas ou pire, comme saint Pierre, pour reprendre
tes références évangéliques, quand les soldats sont venus arrêter Jésus
et qu'il a répété trois fois «je ne le connais pas».
Visiblement
tu veux te démarquer publiquement d'une certaine sensibilité droitère
avant qu'il ne soit trop tard pour ton image, déjà compromise par le
catholicisme aux yeux de tes amis et soutiens. Tu ne connais pas le
visage des offensés qui votent mal. Tu ne veux pas déplaire aux Ponce
Pilate si nombreux dans le camp des gens comme il faut. Tu ne fais
crédit à personne de sa bonne volonté éventuelle pas même quand il
s'agit de la population d'une ville. Tu te défies, tu te démarques, tu
ne veux même pas écouter le peuple quand il n'est pas content. Bref tu
es du côté du manche. Restes-y. Mais rappelle-toi que la résistance,
c'est le contraire.
21 mars 2014
18 mars 2014
17 mars 2014
12 mars 2014
11 mars 2014
10 mars 2014
06 mars 2014
Arnaud Montebourg ami des riches et des puissants prépare sa reconversion dans le privé
On ne compte plus les sorties d’Arnaud Montebourg en vue de
défendre les intérêts de son nouvel ami Martin Bouygues. En ce moment,
son cheval de bataille est d’avoir la peau de Stéphane Richard, dont le
vote pour son renouvellement à la tête d’Orange est prévu le 24 mars. Il
a ainsi été plaidé sa cause (et donc celle de Martin Bouygues) devant
le Président de la République. Il a argumenté en expliquant que Stéphane
Richard avait des liens avec Nicolas Sarkozy, qu’il avait été mis en
examen dans l’affaire Tapie, mais a surtout "insisté sur le fait
qu’en signant un accord d’itinérance avec Free, il avait facilité
l’entrée du loup dans la bergerie, sans mesurer à quel point Xavier Niel
allait déstabiliser le secteur » rapporte Challenges
dans sa version papier. A la place de Stéphane Richard, Montebourg
propose de placer Jacques Veyrat, qui fut notamment le PDG de Neuf
Télécom (qui sera racheté par SFR).
défendre les intérêts de son nouvel ami Martin Bouygues. En ce moment,
son cheval de bataille est d’avoir la peau de Stéphane Richard, dont le
vote pour son renouvellement à la tête d’Orange est prévu le 24 mars. Il
a ainsi été plaidé sa cause (et donc celle de Martin Bouygues) devant
le Président de la République. Il a argumenté en expliquant que Stéphane
Richard avait des liens avec Nicolas Sarkozy, qu’il avait été mis en
examen dans l’affaire Tapie, mais a surtout "insisté sur le fait
qu’en signant un accord d’itinérance avec Free, il avait facilité
l’entrée du loup dans la bergerie, sans mesurer à quel point Xavier Niel
allait déstabiliser le secteur » rapporte Challenges
dans sa version papier. A la place de Stéphane Richard, Montebourg
propose de placer Jacques Veyrat, qui fut notamment le PDG de Neuf
Télécom (qui sera racheté par SFR).
Mais la stratégie du ministre du redressement productif ne trompe
personne et fait sourire à l’Elysée. Selon des membres de l’entourage de
Francois Hollande, Montebourg cherche aujourd’hui à s’attirer les
bonnes grâces de patrons du CAC 40 et des riches industriels, après les
avoir combattus lorsqu’il n’était pas au gouvernement. « A la
manière de François Mitterrand jadis et Nicolas Sarkozy hie, il courtise
les hommes de pouvoir et d’argent pour préparer son avenir politique,
voire personnel, en tant qu’avocat, en cas de traversée du désert », explique un proche de l’Elysée
personne et fait sourire à l’Elysée. Selon des membres de l’entourage de
Francois Hollande, Montebourg cherche aujourd’hui à s’attirer les
bonnes grâces de patrons du CAC 40 et des riches industriels, après les
avoir combattus lorsqu’il n’était pas au gouvernement. « A la
manière de François Mitterrand jadis et Nicolas Sarkozy hie, il courtise
les hommes de pouvoir et d’argent pour préparer son avenir politique,
voire personnel, en tant qu’avocat, en cas de traversée du désert », explique un proche de l’Elysée
01 mars 2014
28 février 2014
25 février 2014
24 février 2014
23 février 2014
IA
En 2029, les ordinateurs seront capables de flirter, plaisanter et apprendre de leurs expériences, prédit un ingénieur de chez Google.
21 février 2014
20 février 2014
Ukraine : les milices de « Svoboda » mobilisées pour l’émeute | Mondialisation
Pourquoi personne n'en parle ?
Ceux qui voient l’Ukraine avec les lunettes de la guerre froide
Le premier mot qui vient à l’esprit, quand on pense à l’Ukraine, c’est :
assez ! Assez de sang versé. Assez de répression d’un pouvoir qui
semble considérer que le char peut remplacer le dialogue. Assez de
provocations aveugles - de part et d’autre. De ce point de vue, l’Europe
est fondée à demander des comptes au président Yanoukovitch ; l’Onu à
demander le retour au calme ; et les grands esprits à prôner la
solidarité. Mais à condition de ne pas regarder Kiev avec des lunettes
déformantes.
Or, à lire ce qui s’écrit sur l’Ukraine, tout est simple, trop simple. Il
y a les Bons, qui animent la révolte, « pro-Européens », tous forcément
animés d’une flamme démocratique éternelle, et il y a les Méchants,
ceux d’en face, soutiens du président Yanoukovitch, suspectés d’être des
marionnettes de Poutine, l’incarnation du diable.
Ainsi
va l’information binaire et manichéenne, digne de Tintin chez les
Ukrainiens. La réalité, comme toujours, est plus complexe.
Que le président Yanoukovitch – dont on rappellera cependant qu’il a
été élu - soit un apparatchik corrompu, nul n’en doute. Comme
l’ensemble de l’élite au pouvoir, il a profité de la chute de l’URSS
pour devenir l’un de ces nouveaux riches qui ont poussé à l’Est comme
champignons après la pluie. On pourrait d’ailleurs en dire autant de ses
prédécesseurs, Ioulia Timotchenko et Viktor Ioutchenko, qui animèrent
la « révolution orange » de 2004. L’occident les idéalisait alors qu’ils
étaient manipulés en sous main par les oligarques et leurs affidés.
C’est ce pillage en règle qui a mis le pays à feu et à sang
et qui a amené le président Yanoukovitch à se tourner vers l’UE pour
obtenir de l’aide. En guise de réponse, on lui a proposé une feuille de
route économique et sociale digne de la salade grecque. Face à cette
provocation, il a demandé l’aide financière de Poutine, tout content
d’en profiter pour conserver l’Ukraine dans son orbite. A qui la
faute ?
Mais parmi ceux qui dénoncent avec raison le
régime en place à Kiev aujourd’hui, il n’y a pas que les héritiers
slaves de la Commune de Paris. A côtés des courageux citoyens qui n’ont
que leur poitrine à offrir aux policiers du régime (formés à bonne
école), il y a aussi des ultras d’extrême droite qui feraient passer
pour de doux rêveurs les manifestants anti « mariage pour tous », des
esprits échauffés par la haine anti Russe, des antisémites avérés, des
jusqu’au-boutistes prêts à faire éclater un pays historiquement partagé
entre son attachement à l’occident et ses racines slaves.
Cette étrange cohorte a été chauffée à blanc par des stratèges formés à
l’époque de la guerre froide. Ces derniers ont voulu faire de l’Ukraine
une tête de pont contre la Russie, d’abord en l’arrimant à marche
forcée à l’Union Européenne, puis en rêvant d’en faire un nouveau pion
de l’Otan, cette organisation militaire dont on se demande au nom de
quoi elle continue à exister alors que l’URSS est morte et enterrée.
Dans ce contexte explosif, il importe donc de garder la tête sur les
épaules et de ne pas sombrer dans la surenchère. Car si l’Ukraine part
en lambeaux, toute l’Europe en subira les conséquences.
La seule voie qui peut permettre de sortir du face à face de la place Maïdan, c’est celle du dialogue et du compromis.
Cela concerne toutes les forces en présence. L’Europe peut jouer un
rôle positif pour faire revenir le pouvoir sur ses lois répressives,
faciliter la recherche d’un accord a minima avant d’inévitables
élections anticipées, et ne pas faire de la Russie un ennemi éternel.
Toute autre solution pourrait transformer en Kiev en poudrière en
plein cœur du vieux continent, sans que nul ne puisse imaginer les
dégâts collatéraux.
assez ! Assez de sang versé. Assez de répression d’un pouvoir qui
semble considérer que le char peut remplacer le dialogue. Assez de
provocations aveugles - de part et d’autre. De ce point de vue, l’Europe
est fondée à demander des comptes au président Yanoukovitch ; l’Onu à
demander le retour au calme ; et les grands esprits à prôner la
solidarité. Mais à condition de ne pas regarder Kiev avec des lunettes
déformantes.
Or, à lire ce qui s’écrit sur l’Ukraine, tout est simple, trop simple. Il
y a les Bons, qui animent la révolte, « pro-Européens », tous forcément
animés d’une flamme démocratique éternelle, et il y a les Méchants,
ceux d’en face, soutiens du président Yanoukovitch, suspectés d’être des
marionnettes de Poutine, l’incarnation du diable.
Ainsi
va l’information binaire et manichéenne, digne de Tintin chez les
Ukrainiens. La réalité, comme toujours, est plus complexe.
Que le président Yanoukovitch – dont on rappellera cependant qu’il a
été élu - soit un apparatchik corrompu, nul n’en doute. Comme
l’ensemble de l’élite au pouvoir, il a profité de la chute de l’URSS
pour devenir l’un de ces nouveaux riches qui ont poussé à l’Est comme
champignons après la pluie. On pourrait d’ailleurs en dire autant de ses
prédécesseurs, Ioulia Timotchenko et Viktor Ioutchenko, qui animèrent
la « révolution orange » de 2004. L’occident les idéalisait alors qu’ils
étaient manipulés en sous main par les oligarques et leurs affidés.
C’est ce pillage en règle qui a mis le pays à feu et à sang
et qui a amené le président Yanoukovitch à se tourner vers l’UE pour
obtenir de l’aide. En guise de réponse, on lui a proposé une feuille de
route économique et sociale digne de la salade grecque. Face à cette
provocation, il a demandé l’aide financière de Poutine, tout content
d’en profiter pour conserver l’Ukraine dans son orbite. A qui la
faute ?
Mais parmi ceux qui dénoncent avec raison le
régime en place à Kiev aujourd’hui, il n’y a pas que les héritiers
slaves de la Commune de Paris. A côtés des courageux citoyens qui n’ont
que leur poitrine à offrir aux policiers du régime (formés à bonne
école), il y a aussi des ultras d’extrême droite qui feraient passer
pour de doux rêveurs les manifestants anti « mariage pour tous », des
esprits échauffés par la haine anti Russe, des antisémites avérés, des
jusqu’au-boutistes prêts à faire éclater un pays historiquement partagé
entre son attachement à l’occident et ses racines slaves.
Cette étrange cohorte a été chauffée à blanc par des stratèges formés à
l’époque de la guerre froide. Ces derniers ont voulu faire de l’Ukraine
une tête de pont contre la Russie, d’abord en l’arrimant à marche
forcée à l’Union Européenne, puis en rêvant d’en faire un nouveau pion
de l’Otan, cette organisation militaire dont on se demande au nom de
quoi elle continue à exister alors que l’URSS est morte et enterrée.
Dans ce contexte explosif, il importe donc de garder la tête sur les
épaules et de ne pas sombrer dans la surenchère. Car si l’Ukraine part
en lambeaux, toute l’Europe en subira les conséquences.
La seule voie qui peut permettre de sortir du face à face de la place Maïdan, c’est celle du dialogue et du compromis.
Cela concerne toutes les forces en présence. L’Europe peut jouer un
rôle positif pour faire revenir le pouvoir sur ses lois répressives,
faciliter la recherche d’un accord a minima avant d’inévitables
élections anticipées, et ne pas faire de la Russie un ennemi éternel.
Toute autre solution pourrait transformer en Kiev en poudrière en
plein cœur du vieux continent, sans que nul ne puisse imaginer les
dégâts collatéraux.
19 février 2014
Mammographies : Dépistons, piège à c*** ! | Pourquoi le ciel est bleu…
Ouf. Ça y est. Une étude canadienne vient de mettre un point final à
la question de l’intérêt du dépistage du cancer du sein par
mammographie.
Pour rappel, en France, il est proposé une mammographie de dépistage
tout les deux ans, entre 50 et 74 ans. Le montant annuel du coût de ce
programme est de 194 millions d’euros.
L’étude en question est paru dans le British Medical Journal,
et est remarquable par son ampleur : 90000 femmes ont été suivis. La
moitié de ces femmes a eu pendant 5 ans un examen annuel simple des
seins par un praticien, l’autre a eu, pendant 5 ans aussi, une
mammographie en plus de l’examen. 50000 avaient entre 40 et 49 ans,
40000 entre 50 et 59 ans. La survenue de cancers du sein et la mortalité
de l’ensemble des participantes ont été étudiées pendant 25 ans après
le début de l’étude.
Pas de diminution de la mortalité grâce aux mammographies
Le dépistage par mammographie permet de détecter des tumeurs de plus
petite taille que par une simple palpation. Ainsi, il est censé
permettre une prise en charge plus précoce des cancers. C’est le
principal argument des partisans d’une généralisation d’un dépistage de
ce type.
On aurait ainsi pu attendre une
mortalité plus faible chez les femmes bénéficiant de mammographies,
puisque la précocité du diagnostic est un des facteurs déterminant dans
la réussite d’un traitement anti-cancéreux. Mais cela n’a pas été le cas : aucune différence n’a pu être mesurée entre les deux groupes :
que cela soit au bout de 5, 6, 7 ou 25 ans, un nombre de décès par
cancer du sein quasi-identique a été observé dans les deux groupes.
Durant la période d’étude de 5 ans, il y a eu 666 cancers
diagnostiqués dans le groupe avec mammographie, avec le décès de 180
personnes (500 décès sur 25 ans), et 524 cancers diagnostiqués dans le
groupe de contrôle, avec 171 décès (505 décès sur 25 ans). On peut en
déduire deux éléments statistiques :
différence. Si effectivement la radiographie avait permis d’éviter des
décès, on aurait dû voir un écart entre les deux groupes à la fin de
l’étude. Nécessairement, le nombre de décès dans le groupe avec
mammographie aurait dû être plus limité. En fait, seul le sur-diagnostic peut expliquer ces résultats.
Le dépistage par mammographie nuit à la santé (et à la sécurité sociale !)
Lorsqu’un cancer du sein est diagnostiqué chez une personne, celle-ci
va devoir subir une ou plusieurs interventions chirurgicales, une
radiothérapie, chimiothérapie(s)… Non seulement ces prises en charges
médicales sont très coûteuses (en moyenne 10000 euros par patient en 2002 (source)), mais en plus ils sont traumatisants, et potentiellement dangereux
(un acte chirurgical n’est jamais anodin, et les chimio et
radiothérapies sont des facteurs favorisants la survenue d’autres
cancers). La question du sur-diagnostic est donc centrale dans
l’évaluation du rapport bénéfice/risque d’une politique de dépistage.
Dans cette étude, le sur-diagnostic a été évalué à 22 % des cancers détectés par mammographie.
Non seulement la mammographie ne permet pas de diminuer la mortalité
par cancer du sein, mais en plus provoque des traitements inutiles chez
un grand nombre des patientes (les auteurs ont évalué qu’une femme sur
424 du groupe avec mammographie a été sur-diagnostiquée). Il est à noter
que cette valeur est inférieure à celles des études précédentes, qui
faisaient état d’environ 30 % de sur-diagnostics…
D’un point de vue de la sécurité sociale, le dépistage organisé par
mammographie coûte 194 millions d’euros. Supprimer purement et
simplement ce dépistage conduirait non seulement à faire des économies
importantes, mais de plus à éviter des sur-diagnostics qui sont
eux-mêmes sources d’importantes dépenses injustifiées.
Quelles conséquences pour le dépistage en France ?
Face à de tels résultats, les responsables français … n’ont rien
répondu. En fait, cela fait des années que ce dépistage est montré du
doigt pour son inefficacité dans de nombreuses publications rigoureuses.
Pourtant, le discours reste identique : cité par « 20 minutes« , Jérôme Viguier, le directeur du Pôle santé publique et soins de l’Institut national du cancer (INCa-France)
avait estimé en septembre 2013 que la controverse était
«scientifiquement réglée» (dans le sens d’un intérêt considérable du
dépistage systématique par mammographie). On peut lire sur le site ameli-sante.fr (dépendant de la sécurité sociale) tous les bienfaits du dépistage organisé.
Sans ombre au tableau, sans alerte sur le risque de sur-diagnostic. Le
CNGOF (Conseil National des Gynécologues Obstétriciens de France), quant
à lui, ne communique pas sur ces questions, relayant simplement les
consignes nationales (à la décharge des institutions françaises, il
s’agit de recommandations européennes, retranscrites par les
institutions françaises de santé)
Les médias français ont relayé l’information de façon très « molle »,
parlant de « polémique relancée », « Encore une étude polémique », la
palme revenant à rtl.fr, qui profite de cet article pour rappeler les conseils de dépistage,
sans juger de leurs pertinences. Présenter cette étude comme
« polémique », c’est sciemment ignorer que la polémique existe depuis
assez longtemps ! Dans un monde idéal, ces médias auraient mieux fait de
parler de la « clôture » de cette polémique. Leur manque de volonté à
remettre en question les (mauvais) présupposés de cette politique de
santé publique montre encore une fois leur faiblesse d’analyse en
matière de science et de médecine.
Enfin, il faut rappeler que les médecins français (en particulier les
gynécologues et les radiologues) sont en plein conflit d’intérêt dans
cette histoire. Les 194 millions d’euros dépensés par la sécurité
sociale pour ce dépistage ne s’évaporent pas dans la nature, mais
représente un gain substantiel pour ces professionnels. Alors, quand
pourra-t-on enfin espérer une politique de santé basée sur des preuves
scientifiques, et non des avis issus de traditions et de pratiques non
justifiées ?
« Twenty-five
year follow-up for breast cancer incidence and mortality of the Canadian
National Breast Screening Study : randomised screening trial« , A.B. Miller et al., BMJ 2014
la question de l’intérêt du dépistage du cancer du sein par
mammographie.
Pour rappel, en France, il est proposé une mammographie de dépistage
tout les deux ans, entre 50 et 74 ans. Le montant annuel du coût de ce
programme est de 194 millions d’euros.
L’étude en question est paru dans le British Medical Journal,
et est remarquable par son ampleur : 90000 femmes ont été suivis. La
moitié de ces femmes a eu pendant 5 ans un examen annuel simple des
seins par un praticien, l’autre a eu, pendant 5 ans aussi, une
mammographie en plus de l’examen. 50000 avaient entre 40 et 49 ans,
40000 entre 50 et 59 ans. La survenue de cancers du sein et la mortalité
de l’ensemble des participantes ont été étudiées pendant 25 ans après
le début de l’étude.
Pas de diminution de la mortalité grâce aux mammographies
Le dépistage par mammographie permet de détecter des tumeurs de plus
petite taille que par une simple palpation. Ainsi, il est censé
permettre une prise en charge plus précoce des cancers. C’est le
principal argument des partisans d’une généralisation d’un dépistage de
ce type.
On aurait ainsi pu attendre une
mortalité plus faible chez les femmes bénéficiant de mammographies,
puisque la précocité du diagnostic est un des facteurs déterminant dans
la réussite d’un traitement anti-cancéreux. Mais cela n’a pas été le cas : aucune différence n’a pu être mesurée entre les deux groupes :
que cela soit au bout de 5, 6, 7 ou 25 ans, un nombre de décès par
cancer du sein quasi-identique a été observé dans les deux groupes.
Durant la période d’étude de 5 ans, il y a eu 666 cancers
diagnostiqués dans le groupe avec mammographie, avec le décès de 180
personnes (500 décès sur 25 ans), et 524 cancers diagnostiqués dans le
groupe de contrôle, avec 171 décès (505 décès sur 25 ans). On peut en
déduire deux éléments statistiques :
- Il y a 27 % plus de cancers détectés dans le groupe avec
mammographie que dans l’autre groupe. Cela peut être expliqué par
l’efficacité de l’examen radiographique ? - La mortalité chez les femmes diagnostiquées est de 27 % dans le
premier groupe, et de 33 % dans le second. Encore l’efficacité de la
radiographie, qui permet une détection plus précoce ?
différence. Si effectivement la radiographie avait permis d’éviter des
décès, on aurait dû voir un écart entre les deux groupes à la fin de
l’étude. Nécessairement, le nombre de décès dans le groupe avec
mammographie aurait dû être plus limité. En fait, seul le sur-diagnostic peut expliquer ces résultats.
Le dépistage par mammographie nuit à la santé (et à la sécurité sociale !)
Lorsqu’un cancer du sein est diagnostiqué chez une personne, celle-ci
va devoir subir une ou plusieurs interventions chirurgicales, une
radiothérapie, chimiothérapie(s)… Non seulement ces prises en charges
médicales sont très coûteuses (en moyenne 10000 euros par patient en 2002 (source)), mais en plus ils sont traumatisants, et potentiellement dangereux
(un acte chirurgical n’est jamais anodin, et les chimio et
radiothérapies sont des facteurs favorisants la survenue d’autres
cancers). La question du sur-diagnostic est donc centrale dans
l’évaluation du rapport bénéfice/risque d’une politique de dépistage.
Dans cette étude, le sur-diagnostic a été évalué à 22 % des cancers détectés par mammographie.
Non seulement la mammographie ne permet pas de diminuer la mortalité
par cancer du sein, mais en plus provoque des traitements inutiles chez
un grand nombre des patientes (les auteurs ont évalué qu’une femme sur
424 du groupe avec mammographie a été sur-diagnostiquée). Il est à noter
que cette valeur est inférieure à celles des études précédentes, qui
faisaient état d’environ 30 % de sur-diagnostics…
D’un point de vue de la sécurité sociale, le dépistage organisé par
mammographie coûte 194 millions d’euros. Supprimer purement et
simplement ce dépistage conduirait non seulement à faire des économies
importantes, mais de plus à éviter des sur-diagnostics qui sont
eux-mêmes sources d’importantes dépenses injustifiées.
Quelles conséquences pour le dépistage en France ?
Face à de tels résultats, les responsables français … n’ont rien
répondu. En fait, cela fait des années que ce dépistage est montré du
doigt pour son inefficacité dans de nombreuses publications rigoureuses.
Pourtant, le discours reste identique : cité par « 20 minutes« , Jérôme Viguier, le directeur du Pôle santé publique et soins de l’Institut national du cancer (INCa-France)
avait estimé en septembre 2013 que la controverse était
«scientifiquement réglée» (dans le sens d’un intérêt considérable du
dépistage systématique par mammographie). On peut lire sur le site ameli-sante.fr (dépendant de la sécurité sociale) tous les bienfaits du dépistage organisé.
Sans ombre au tableau, sans alerte sur le risque de sur-diagnostic. Le
CNGOF (Conseil National des Gynécologues Obstétriciens de France), quant
à lui, ne communique pas sur ces questions, relayant simplement les
consignes nationales (à la décharge des institutions françaises, il
s’agit de recommandations européennes, retranscrites par les
institutions françaises de santé)
Les médias français ont relayé l’information de façon très « molle »,
parlant de « polémique relancée », « Encore une étude polémique », la
palme revenant à rtl.fr, qui profite de cet article pour rappeler les conseils de dépistage,
sans juger de leurs pertinences. Présenter cette étude comme
« polémique », c’est sciemment ignorer que la polémique existe depuis
assez longtemps ! Dans un monde idéal, ces médias auraient mieux fait de
parler de la « clôture » de cette polémique. Leur manque de volonté à
remettre en question les (mauvais) présupposés de cette politique de
santé publique montre encore une fois leur faiblesse d’analyse en
matière de science et de médecine.
Enfin, il faut rappeler que les médecins français (en particulier les
gynécologues et les radiologues) sont en plein conflit d’intérêt dans
cette histoire. Les 194 millions d’euros dépensés par la sécurité
sociale pour ce dépistage ne s’évaporent pas dans la nature, mais
représente un gain substantiel pour ces professionnels. Alors, quand
pourra-t-on enfin espérer une politique de santé basée sur des preuves
scientifiques, et non des avis issus de traditions et de pratiques non
justifiées ?
« Twenty-five
year follow-up for breast cancer incidence and mortality of the Canadian
National Breast Screening Study : randomised screening trial« , A.B. Miller et al., BMJ 2014
18 février 2014
17 février 2014
14 février 2014
12 février 2014
07 février 2014
05 février 2014
03 février 2014
29 janvier 2014
27 janvier 2014
Faut-il en finir avec les oméga-3 ? | Passeur de sciences
Il ne se passe pas un mois
sans qu'une étude vienne nous vanter les mérites des oméga-3, ces
célèbres acides gras que l'on retrouve dans certains poissons et huiles
végétales. La dernière en date est parue le 22 janvier dans la revue Neurology et
montre, à l'occasion du suivi de femmes ménopausées depuis plusieurs
années (et donc d'un âge relativement avancé), la corrélation suivante :
chez les personnes ayant un haut taux sanguin d'oméga-3, cerveau et
hippocampe présentent un volume plus important que chez celles avec un
taux bas. Précisons que l'atrophie cérébrale est une manifestation de
l'âge souvent associée à des démences comme la maladie d'Alzheimer et à
la détérioration des fonctions cognitives. Précisons aussi qu'une
corrélation n'indique pas forcément une relation de cause à effet et, à
ce sujet, je vous renvoie à mon billet sur le lien entre consommation de chocolat et tueurs en série...
Quoi qu'il en soit, cette étude a provoqué la publication d'articles
plus ou moins prudents dans la presse grand public, avec des titres
comme "Le poisson aiderait le cerveau à mieux vieillir" (Top Santé) ou "Les effets du poisson sur le cerveau : en manger préserve-t-il de la maladie d'Alzheimer ?" (USA Today).
Tout ceci ne serait
guère intéressant si, pour reprendre la formulation du début de ce
billet, il ne se passait pas un mois sans qu'une étude vienne... mettre
en doute les mérites des oméga-3. Le plus "amusant", dans le cas
présent, c'est qu'il s'agit parfois des mêmes auteurs qui, à partir des
mêmes suivis épidémiologiques, publient des études contradictoires et
ce, bien sûr, dans les mêmes revues ! L'article du 22 janvier a ainsi
été précédé, en septembre 2013 et déjà dans Neurology,
d'un autre papier de la même équipe (certains noms diffèrent mais une
grande partie des auteurs ont participé aux deux travaux) concluant à
l'absence de lien entre le taux sanguin d'oméga-3 et le déclin des
fonctions cognitives chez les femmes âgées. On pourrait croire que les
données proviennent de deux sources différentes puisque l'une parle du
projet Women's Health Initiative Memory Study (Whims) et l'autre du
projet Women's Health Initiative Study of Cognitive Aging (Whisca). Mais
en réalité, Whisca est une branche de Whims...
Au-delà de cette contradiction, qui n'est peut-être
qu'une conséquence cocasse de la course à la publication, le fameux
"publie ou péris !" que j'ai souvent évoqué dans ce blog, une question
se pose : faut-il en finir avec les oméga-3 dont on entend parler depuis
une trentaine d'années ? Avant d'aller plus loin, il faut expliquer
brièvement comment ces acides gras ont débarqué sur le devant de la
scène biomédicale, pour le plus grand bonheur des marchands de
compléments alimentaires. Remontons donc aux années 1970 au cours
desquelles des chercheurs danois, travaillant sur les populations
inuites du Groenland, s'aperçurent que celles-ci étaient très peu sujettes aux maladies cardio-vasculaires,
ce qui fut mis sur le compte des oméga-3 puisque leur régime
alimentaire était riche en poissons gras. Le constat fut confirmé peu
après avec une étude japonaise
portant sur quelques dizaines d'habitants de l'île de Kohama, qui
présentaient les mêmes caractéristiques que les Inuits groenlandais. Par
la suite, de nombreux travaux ont commencé à identifier toutes sortes
de bienfaits aux oméga-3, qui sur le système cardiovasculaire, qui sur
le cerveau, qui sur le cancer. Ces acides gras prenaient un faux air de
panacée.
Puis le vent a tourné. Et l'industrie de l'oméga-3,
plus que par telle ou telle étude particulière ne parvenant pas à
trouver de bénéfice à son produit, a surtout été ébranlée par les
méta-analyses qui ont fini par sortir. Une méta-analyse
est une technique qui permet de faire la synthèse des études publiées
sur un sujet précis, ce avec une puissance statistique bien supérieure.
En 2006 est ainsi paru un travail de ce type dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), qui
regroupait 38 articles examinant les effets des oméga-3 sur l'incidence
de différents types de cancer. Au total, l'échantillon comptait plus de
700 000 personnes. Conclusion : "Il n'y a pas grand chose qui suggère que les acides gras oméga-3 réduisent le risque d'un type particulier de cancer", disait l'étude qui jugeait donc inutile la prise de compléments alimentaires à base d'oméga-3 dans ce but.
Finalement, en septembre 2012, la science est
revenue au point de départ de l'histoire, à l'influence de ces acides
gras sur la survenue de pathologies cardiovasculaires. Une autre
méta-analyse, elle aussi publiée par le JAMA, a
synthétisé les résultats de 20 études regroupant plus de 68 000
individus. Sans voir le moindre impact d'une supplémentation en oméga-3
sur les morts subites cardiaques, les infarctus du myocarde ou les
accidents vasculaires cérébraux (AVC)... Bien évidemment, les
industriels du complément alimentaire et les vendeurs de livres sur le
miracle oméga-3 ont sorti l'artillerie lourde (voir aussi là, ou là...)
pour dénoncer une étude pleine de défauts selon eux, tout en ressortant
opportunément les travaux scientifiques allant dans le "bon" sens,
c'est-à-dire le leur.
Le plus grave dans l'histoire n'est sans doute pas là car, si les oméga-3 ne font pas de bien, ils ne font pas de mal non plus (jusqu'à preuve du contraire...). Le plus grave tient à deux choses : d'une part que nombre d'études voient des effets ou des corrélations non confirmés par la suite
et, d'autre part, que nous chérissons l'idée, bien ancrée en nous,
qu'il existe des "super-aliments", des molécules extraites de
l'alimentation, lesquelles, prises en gélules, vont agir sur nous comme
des élixirs sans que nous ne changions rien d'autre à notre mode de vie.
Huile de foie de morue hier, oméga-3 aujourd'hui, resvératrol (dans le
vin rouge...) ou encore extrait de getto,
une plante japonaise... Cela fait vivre les firmes des compléments
"nutritionnels" et vendre des magazines peu regardants sur la valeur
véritable de ces molécules "miracles" (avec une mention spéciale pour Le Point qui semble avoir trouvé là un bon filon).
Mais y a-t-il au fond tant de différences que cela entre notre croyance
dans ces molécules soi-disant validées par la science et l'intérêt de
la médecine traditionnelle chinoise pour la poudre de corne de
rhinocéros ?
sans qu'une étude vienne nous vanter les mérites des oméga-3, ces
célèbres acides gras que l'on retrouve dans certains poissons et huiles
végétales. La dernière en date est parue le 22 janvier dans la revue Neurology et
montre, à l'occasion du suivi de femmes ménopausées depuis plusieurs
années (et donc d'un âge relativement avancé), la corrélation suivante :
chez les personnes ayant un haut taux sanguin d'oméga-3, cerveau et
hippocampe présentent un volume plus important que chez celles avec un
taux bas. Précisons que l'atrophie cérébrale est une manifestation de
l'âge souvent associée à des démences comme la maladie d'Alzheimer et à
la détérioration des fonctions cognitives. Précisons aussi qu'une
corrélation n'indique pas forcément une relation de cause à effet et, à
ce sujet, je vous renvoie à mon billet sur le lien entre consommation de chocolat et tueurs en série...
Quoi qu'il en soit, cette étude a provoqué la publication d'articles
plus ou moins prudents dans la presse grand public, avec des titres
comme "Le poisson aiderait le cerveau à mieux vieillir" (Top Santé) ou "Les effets du poisson sur le cerveau : en manger préserve-t-il de la maladie d'Alzheimer ?" (USA Today).
Tout ceci ne serait
guère intéressant si, pour reprendre la formulation du début de ce
billet, il ne se passait pas un mois sans qu'une étude vienne... mettre
en doute les mérites des oméga-3. Le plus "amusant", dans le cas
présent, c'est qu'il s'agit parfois des mêmes auteurs qui, à partir des
mêmes suivis épidémiologiques, publient des études contradictoires et
ce, bien sûr, dans les mêmes revues ! L'article du 22 janvier a ainsi
été précédé, en septembre 2013 et déjà dans Neurology,
d'un autre papier de la même équipe (certains noms diffèrent mais une
grande partie des auteurs ont participé aux deux travaux) concluant à
l'absence de lien entre le taux sanguin d'oméga-3 et le déclin des
fonctions cognitives chez les femmes âgées. On pourrait croire que les
données proviennent de deux sources différentes puisque l'une parle du
projet Women's Health Initiative Memory Study (Whims) et l'autre du
projet Women's Health Initiative Study of Cognitive Aging (Whisca). Mais
en réalité, Whisca est une branche de Whims...
Au-delà de cette contradiction, qui n'est peut-être
qu'une conséquence cocasse de la course à la publication, le fameux
"publie ou péris !" que j'ai souvent évoqué dans ce blog, une question
se pose : faut-il en finir avec les oméga-3 dont on entend parler depuis
une trentaine d'années ? Avant d'aller plus loin, il faut expliquer
brièvement comment ces acides gras ont débarqué sur le devant de la
scène biomédicale, pour le plus grand bonheur des marchands de
compléments alimentaires. Remontons donc aux années 1970 au cours
desquelles des chercheurs danois, travaillant sur les populations
inuites du Groenland, s'aperçurent que celles-ci étaient très peu sujettes aux maladies cardio-vasculaires,
ce qui fut mis sur le compte des oméga-3 puisque leur régime
alimentaire était riche en poissons gras. Le constat fut confirmé peu
après avec une étude japonaise
portant sur quelques dizaines d'habitants de l'île de Kohama, qui
présentaient les mêmes caractéristiques que les Inuits groenlandais. Par
la suite, de nombreux travaux ont commencé à identifier toutes sortes
de bienfaits aux oméga-3, qui sur le système cardiovasculaire, qui sur
le cerveau, qui sur le cancer. Ces acides gras prenaient un faux air de
panacée.
Puis le vent a tourné. Et l'industrie de l'oméga-3,
plus que par telle ou telle étude particulière ne parvenant pas à
trouver de bénéfice à son produit, a surtout été ébranlée par les
méta-analyses qui ont fini par sortir. Une méta-analyse
est une technique qui permet de faire la synthèse des études publiées
sur un sujet précis, ce avec une puissance statistique bien supérieure.
En 2006 est ainsi paru un travail de ce type dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), qui
regroupait 38 articles examinant les effets des oméga-3 sur l'incidence
de différents types de cancer. Au total, l'échantillon comptait plus de
700 000 personnes. Conclusion : "Il n'y a pas grand chose qui suggère que les acides gras oméga-3 réduisent le risque d'un type particulier de cancer", disait l'étude qui jugeait donc inutile la prise de compléments alimentaires à base d'oméga-3 dans ce but.
Finalement, en septembre 2012, la science est
revenue au point de départ de l'histoire, à l'influence de ces acides
gras sur la survenue de pathologies cardiovasculaires. Une autre
méta-analyse, elle aussi publiée par le JAMA, a
synthétisé les résultats de 20 études regroupant plus de 68 000
individus. Sans voir le moindre impact d'une supplémentation en oméga-3
sur les morts subites cardiaques, les infarctus du myocarde ou les
accidents vasculaires cérébraux (AVC)... Bien évidemment, les
industriels du complément alimentaire et les vendeurs de livres sur le
miracle oméga-3 ont sorti l'artillerie lourde (voir aussi là, ou là...)
pour dénoncer une étude pleine de défauts selon eux, tout en ressortant
opportunément les travaux scientifiques allant dans le "bon" sens,
c'est-à-dire le leur.
Le plus grave dans l'histoire n'est sans doute pas là car, si les oméga-3 ne font pas de bien, ils ne font pas de mal non plus (jusqu'à preuve du contraire...). Le plus grave tient à deux choses : d'une part que nombre d'études voient des effets ou des corrélations non confirmés par la suite
et, d'autre part, que nous chérissons l'idée, bien ancrée en nous,
qu'il existe des "super-aliments", des molécules extraites de
l'alimentation, lesquelles, prises en gélules, vont agir sur nous comme
des élixirs sans que nous ne changions rien d'autre à notre mode de vie.
Huile de foie de morue hier, oméga-3 aujourd'hui, resvératrol (dans le
vin rouge...) ou encore extrait de getto,
une plante japonaise... Cela fait vivre les firmes des compléments
"nutritionnels" et vendre des magazines peu regardants sur la valeur
véritable de ces molécules "miracles" (avec une mention spéciale pour Le Point qui semble avoir trouvé là un bon filon).
Mais y a-t-il au fond tant de différences que cela entre notre croyance
dans ces molécules soi-disant validées par la science et l'intérêt de
la médecine traditionnelle chinoise pour la poudre de corne de
rhinocéros ?
11 janvier 2014
«Valérie Trierweiler peut-elle rester à l'Elysée ? » La réponse est non: dehors
http://www.leparisien.fr/laparisienne/actu-people/personnalites/catherine-nay-valerie-trierweiler-peut-elle-rester-a-l-elysee-10-01-2014-3481117.php
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