FIGAROVOX/HUMEUR : Alors que le FN
est arrivé en tête au premier tour des municipales dimanche à Avignon,
Olivier Py, le directeur du Festival de théâtre estime «impossible la
collaboration avec une mairie tenue par le Front national». L'écrivain
Christian Combaz s'est glissé dans la peau d'un acteur pour lui répondre
...
est arrivé en tête au premier tour des municipales dimanche à Avignon,
Olivier Py, le directeur du Festival de théâtre estime «impossible la
collaboration avec une mairie tenue par le Front national». L'écrivain
Christian Combaz s'est glissé dans la peau d'un acteur pour lui répondre
...
Olivier, tu me fatigues depuis longtemps,
précisément depuis tes débuts à l'Odéon il y a sept ans, où ton côté
«frère prêcheur qui explique à tout le monde ce qu'est le péché
originel» avait fini par se calmer mais depuis hier l'ivresse de
l'apostolat t'a visiblement repris.
Je t'adresse ces quelques mots sous
couvert d'anonymat sans en éprouver la moindre honte ni devant les
lecteurs du Figaro, ni surtout devant toi, car tu sais mieux que
personne combien le milieu du théâtre français est digne du Hollywood
des années McCarthy. Tu n'ignores pas ce que je risquerais à t'écrire
sans masque.
Désormais le Front national a
donc remplacé les communistes devant la réprobation des bien-pensants
mais ce sont les mêmes mécanismes psychologiques qui sont à l'œuvre, la
même stérilité de pensée, la même injustice faite à celui ou celle qui
n'a pas ton sens exacerbé de l'inadmissible. Le résultat d'une élection
régulière n'est pas inadmissible . Je trouve parfaitement indigne la
façon dont tu donnes des gages au milieu théâtral pour déjouer la
critique et te placer d'emblée, d'autorité, préventivement, dans le camp
des gens bien, contre une famille de pensée que tu juges , j'imagine,
criminelle. Pour dénoncer les crimes de quelqu'un , on attend d'être sûr
qu'il s'apprête à les commettre ou qu'il les ait commis. Or en cas de
victoire du Front national à Avignon, j'ai tendance à trouver qu'un
directeur de festival équilibré devrait dire: nous serons attentifs.
Mais il devrait se garder faire de la résistance, comme tu le fais à
grands renforts de publicité et d'effets de manche au nom de la morale.
Pendant toute ma carrière, certes
moins enviable que la tienne, j'aurai dû ruser avec la gauche
inquisitrice, celle qui soupçonne certains acteurs, certains auteurs
d'avoir trop d'indulgence pour la bourgeoisie, celle qui s'arrange pour
balancer, au milieu d'un dîner, une phrase qui soit de nature à
débusquer les réactionnaires, celle qui nous a pourri la vie, subtilisé
les subventions, volé les occasions de casting dans les années fastes,
les années fric, les années Lang.
Je serai passé pour un réac
malgré moi, à cause de mon mariage, de mes amis, de l'argent de mes
parents. J'aurai vécu du théâtre, que j'aime tant, comme un paria parce
que je ne faisais pas d'agit-prop chez Michel Drucker
en touchant des cachets de diva. À présent j'ai de la peine de voir que
tu te conduis comme Judas ou pire, comme saint Pierre, pour reprendre
tes références évangéliques, quand les soldats sont venus arrêter Jésus
et qu'il a répété trois fois «je ne le connais pas».
Visiblement
tu veux te démarquer publiquement d'une certaine sensibilité droitère
avant qu'il ne soit trop tard pour ton image, déjà compromise par le
catholicisme aux yeux de tes amis et soutiens. Tu ne connais pas le
visage des offensés qui votent mal. Tu ne veux pas déplaire aux Ponce
Pilate si nombreux dans le camp des gens comme il faut. Tu ne fais
crédit à personne de sa bonne volonté éventuelle pas même quand il
s'agit de la population d'une ville. Tu te défies, tu te démarques, tu
ne veux même pas écouter le peuple quand il n'est pas content. Bref tu
es du côté du manche. Restes-y. Mais rappelle-toi que la résistance,
c'est le contraire.
précisément depuis tes débuts à l'Odéon il y a sept ans, où ton côté
«frère prêcheur qui explique à tout le monde ce qu'est le péché
originel» avait fini par se calmer mais depuis hier l'ivresse de
l'apostolat t'a visiblement repris.
Je t'adresse ces quelques mots sous
couvert d'anonymat sans en éprouver la moindre honte ni devant les
lecteurs du Figaro, ni surtout devant toi, car tu sais mieux que
personne combien le milieu du théâtre français est digne du Hollywood
des années McCarthy. Tu n'ignores pas ce que je risquerais à t'écrire
sans masque.
Désormais le Front national a
donc remplacé les communistes devant la réprobation des bien-pensants
mais ce sont les mêmes mécanismes psychologiques qui sont à l'œuvre, la
même stérilité de pensée, la même injustice faite à celui ou celle qui
n'a pas ton sens exacerbé de l'inadmissible. Le résultat d'une élection
régulière n'est pas inadmissible . Je trouve parfaitement indigne la
façon dont tu donnes des gages au milieu théâtral pour déjouer la
critique et te placer d'emblée, d'autorité, préventivement, dans le camp
des gens bien, contre une famille de pensée que tu juges , j'imagine,
criminelle. Pour dénoncer les crimes de quelqu'un , on attend d'être sûr
qu'il s'apprête à les commettre ou qu'il les ait commis. Or en cas de
victoire du Front national à Avignon, j'ai tendance à trouver qu'un
directeur de festival équilibré devrait dire: nous serons attentifs.
Mais il devrait se garder faire de la résistance, comme tu le fais à
grands renforts de publicité et d'effets de manche au nom de la morale.
Pendant toute ma carrière, certes
moins enviable que la tienne, j'aurai dû ruser avec la gauche
inquisitrice, celle qui soupçonne certains acteurs, certains auteurs
d'avoir trop d'indulgence pour la bourgeoisie, celle qui s'arrange pour
balancer, au milieu d'un dîner, une phrase qui soit de nature à
débusquer les réactionnaires, celle qui nous a pourri la vie, subtilisé
les subventions, volé les occasions de casting dans les années fastes,
les années fric, les années Lang.
Je serai passé pour un réac
malgré moi, à cause de mon mariage, de mes amis, de l'argent de mes
parents. J'aurai vécu du théâtre, que j'aime tant, comme un paria parce
que je ne faisais pas d'agit-prop chez Michel Drucker
en touchant des cachets de diva. À présent j'ai de la peine de voir que
tu te conduis comme Judas ou pire, comme saint Pierre, pour reprendre
tes références évangéliques, quand les soldats sont venus arrêter Jésus
et qu'il a répété trois fois «je ne le connais pas».
Visiblement
tu veux te démarquer publiquement d'une certaine sensibilité droitère
avant qu'il ne soit trop tard pour ton image, déjà compromise par le
catholicisme aux yeux de tes amis et soutiens. Tu ne connais pas le
visage des offensés qui votent mal. Tu ne veux pas déplaire aux Ponce
Pilate si nombreux dans le camp des gens comme il faut. Tu ne fais
crédit à personne de sa bonne volonté éventuelle pas même quand il
s'agit de la population d'une ville. Tu te défies, tu te démarques, tu
ne veux même pas écouter le peuple quand il n'est pas content. Bref tu
es du côté du manche. Restes-y. Mais rappelle-toi que la résistance,
c'est le contraire.
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