L'Europe n'est-elle pas victime de la dénégation de soi? A force de nier ses racines, ne serait-elle devenue exotique à elle-même?Il y a même une véritable hostilité envers toutes les traces qui rappellent l'identité ou, si vous voulez, l'entité à la fois commerciale et spirituelle que fut l'Europe. Les marchands de la Hanse faisaient pénétrer les rétables des primitifs flamands jusqu'au-delà du cercle polaire; les ateliers chartrains allaient diffuser leurs modèles jusqu'en Navarre. Et au XVIIIe siècle, quelle unité intellectuelle encore: les philosophes, en perpétuel déplacement de Paris à Londres, à Berlin et à Saint-Pétersbourg! Comparez avec le mépris qui règne aujourd'hui: l'oubli de la célébration des fêtes chrétiennes dans l'agenda de l'union européenne, l'absence de portraits et de lieux dans l'iconographie de la monnaie européenne révèlent bien le refus de notre héritage culturel. Franchement, au lieu d'avoir, sur un billet de 10 euros, un dessin abstrait, ne serait-il pas plus glorieux d'y retrouver le visage de Goethe, Pascal ou Hegel. La silhouette du Parthénon ou de la cathédrale de Chartres? (...)Entretien avec Jean Clair, Causeur, Avril 2011
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