Le 1er novembre 1755, Lisbonne est détruite dans sa quasi-totalité par le tremblement de terre le plus violent jamais ressenti en Europe. Le séisme, suivi d’un tsunami, provoque la mort de 50.000 personnes et relance, ipso facto, la querelle de l’Optimisme –Voltaire s’indignant, comme on sait et avec le talent que l’on sait, de l’idée, défendue un peu plus tôt par Leibniz puis Wolff, que le monde dans lequel un tel phénomène s’était produit pût être considéré comme le meilleur possible. Devant l’ampleur et l’horreur de l’événement, toutes les théodicées apparaissaient alors tout à la fois dérisoires et indécentes.
Rousseau cependant, enclin comme à son habitude à disculper la nature pour mieux incriminer la société, estima que de tous les maux qui frappaient alors les Lisboètes, «il n’y en avait pas un seul dont la Providence ne fût disculpée, et qui n’eût sa source dans l’abus que l’homme a fait de ses facultés». Ce n’était pas la nature qui avait, rappelait-il, «rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages» et si, soulignait-il, «les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut-être nul. Tout eût fui au premier ébranlement et on les eût vus le lendemain à vingt lieues de là, tout aussi gais que s’il n’était rien arrivé».
La faute, donc, au développement de l’urbanisme, au progrès, à la sophistication des modes de vie. A l’homme, en un mot, plutôt qu’à la nature. Le message était donc –déjà– de renouer avec la frugalité, la simplicité et la proximité avec la nature. Peu surprenant, en fait, de la part de celui qu’on considère parfois comme l’un des pères de la pensée écologiste.
17 mars 2011
Rousseau et le débat sur le nucléaire | Slate
via slate.fr
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