A propos de la tuerie de Newton et de son auteur présumé, c’est peut-être la plus belle phrase du week-end :
« Socialement, Adam Lanza était un être étrange : à l’inverse de la plupart des jeunes de sa génération, il n’avait apparemment pas de compte Facebook. »
Lisez-la, relisez-la, retournez la en bouche. Admirez-en les restrictions apparentes, ce « la plupart », ce « apparemment ». On sent que l’auteur (journaliste au site de L’Express) ne parvient pas tout à fait à y croire. On sent qu’il brûlerait de poursuivre l’enquête, de partir chercher les traces, dans la vie réelle, de cet être étrange qui a si peu imprimé l’univers numérique.
Que dit cette phrase ? D’abord, banalement, le dépit mécanique des journalistes, qui ont pris l’habitude, en tout premier réflexe, de chercher sur les réseaux sociaux des traces des tueurs de masse.
Comme le relevait Rue89, c’est avec une pointe de dépit que l’information était donnée par les confrères sur les radios, pendant tout le week-end. On interrogeait un psychiatre. On cherchait à comprendre. Pas de page Facebook ? Aujourd’hui ? C’est forcément grave, docteur !
Mais cette phrase, dans sa musicalité, va au-delà de la banalité journalistique. Elle pourrait être l’incipit du grand roman du début du XXIe siècle, si Huxley, Marcel Aymé et Houellebecq avaient tenu la plume ensemble. Même sur les photos de classe, aucune trace : il était « camera shy » (timide devant les caméras).
A-t-on idée, Adam Lanza ! Et Breivik ? Vous n’auriez pas pu prendre exemple sur Breivik ? Haro sur le tueur de vingt ans qui, en sus de tous ses forfaits, a le culot de ne même pas laisser ses photos sur Facebook pour nourrir l’iconographie des télés.
18 décembre 2012
Adam Lanza, un être étrange sans page Facebook | Rue89
via rue89.com
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