Voyons… Il y a deux festivals d’Avignon : le IN et le OFF. La réponse pourrait donc ne pas être univoque…
Le IN est un festival d’art officiel. Il est donc très largement subventionné : 55% de ses ressources proviennent de subsides publics. Le détail de ces subsides est aussi instructif. La subvention de l’Etat (30% du budget du IN) est, de très loin, la plus importante (ville = 13%, département = 5%, région = 4%). Le IN d’Avignon est donc un instrument de la politique culturelle de l’Etat. En dépit des apparences, il n’est pas une action culturelle décentralisée. Il dépend organiquement de Paris, concrétisant une conception jacobine de la culture. Par ailleurs, sa programmation ne s’adresse pas au grand public, elle est très élitiste. Pour en profiter, il faut avoir du temps (les pièces du IN sont longues), de l’argent (les pièces du IN sont chères) et, si possible, un bagage culturel (lorsqu’il ne s’agit pas de purs produits de masturbation). Le IN fonctionne donc comme une belle machine de redistribution à l’envers : le contribuable finance une manifestation à laquelle il n’aura globalement pas accès au profit d’une caste d’apparatchiks de la culture. Une certaine idée de la gauche…
Le OFF, c’est tout le contraire. Le OFF est, par nature, libéral. Il ne perçoit presque aucune subvention et s’autofinance intégralement. Le OFF travaille sans filet, il est aiguillonné par la nécessité et l’urgence économiques. Le temps du festival, les rues de la vieille ville d’Avignon se transforment en marché de la culture où se rencontrent une offre pléthorique, fruit de l’initiative privée, et une demande tout aussi abondante. Sur le libre marché culturel avignonnais, une myriade de spectacles vivants se livrent une concurrence aussi joyeuse et festive qu’acharnée. Le résultat ? Une énergie, une vitalité et une créativité prodigieuses. Le OFF est tout public. Ce qui n’implique pas, contrairement aux idées reçues, un nivellement de la qualité par le bas. Bien au contraire, on y retrouve aussi l’exigence intellectuelle et la créativité expérimentale supposées caractériser le IN (et qui sont toujours présentées comme sa raison d’être).
Le OFF est un extraordinaire laboratoire de politique culturelle libérale. Pas très de gauche donc…
18 juillet 2011
Festival d'Avignon : une manifestation culturelle de gauche ? | Atlantico
via atlantico.fr
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