Né à la fin du XVIIe siècle, le tourisme est passé d’une pratique réservée à une élite à une migration saisonnière amplement partagée. Cette massification n’a pas pour autant supprimé les inégalités d’accès.
À la fin du XVIIe siècle, Blaise Pascal écrivait que « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » (Pensées). Au même moment, les jeunes aristocrates britanniques s’inquiétaient plutôt d’obtenir « une chambre avec vue » à chacune des étapes du grand tour qui les conduisait déjà jusqu’au Sud de l’Italie. Immortalisée par le roman d’Edward M. Forster, adaptée à l’écran par James Ivory (Chambre avec vue, 1985), cette étape obligée de la formation des jeunes Anglais de bonne naissance marque le point de départ du tourisme. D’un loisir jadis exclusif, celui-ci est devenu, pendant la seconde moitié du XXe siècle, une migration saisonnière amplement partagée, sans pour autant, loin s’en faut, avoir effacé toutes les barrières sociales.
Accompagnés d’un tuteur, les nobles britanniques se rendaient d’abord à Paris en passant par Amiens, Chantilly et l’abbaye de Saint-Denis, sans s’attarder dans les campagnes. La capitale française était déjà une attraction majeure en Europe : on y visitait des monuments, on y profitait des fêtes. Puis l’on se rendait en Italie, en passant par la vallée du Rhône, de préférence à travers la route des Alpes, moins hasardeuse et imprévisible que la Méditerranée, avec ses tempêtes et ses pirates.
28 février 2011
L'avènement du tourisme de masse - Saskia Cousin et Bertrand Réau, article
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