Pierre-Henri d'Argenson : « Qu’est-ce que la vérité ? », demande Pilate à Jésus dans l’Evangile selon Saint-Jean. En matière de politique commerciale, il n’y a pas de vérité, seulement des intérêts, et dans le cas de l’Europe, une bonne dose d’idéologie. Concernant cette dernière, il ne faut pas s’étonner de la réticence de la Commission européenne à adopter au niveau européen une approche protectrice qu’elle a combattue pendant des années au niveau intra-européen. Pour les eurocrates, toute frontière, qu’elle soit physique ou commerciale, est haïssable en soi. C’est une réaction qui n’est pas de l’ordre du rationnel mais bien du passionnel. Les démonstrations théoriques des bienfaits du libre-échange, aujourd’hui très datées et non vérifiées par l’histoire (voir les travaux de Paul Bairoch) ne sont qu’un vernis savant masquant un dogmatisme manichéen : le protectionnisme, c’est le diable. S’agissant des intérêts, ce sont ceux des pays anglo-saxons (Etats-Unis compris) qui président aujourd’hui à la définition de la politique commerciale européenne, et l’ouverture leur est favorable en raison de la structure de leurs économies, plus tournées vers les services, contrairement aux vieux pays industriels comme la France (l’Allemagne étant dans une situation particulière de domination commerciale par la qualité de ses produits). Le résultat, c’est que certains pays (dont la France) sont aujourd’hui désavantagés par une ouverture économique qui leur interdit toute mesure de protection de leur tissu industriel, alors même qu’ils n’arrivent pas à pénétrer les marchés de pays qui pratiquent un protectionnisme larvé, à savoir la plupart des émergents.
via atlantico.fr
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