13 février 2012

La vitamine D, nouvel enjeu de santé publique

Avec les maillots de bain, shorts et autres robes légères, l'été devrait être le meilleur moment pour faire le plein de vitamine D. Essentielle pour la consolidation des os et des dents, elle est fabriquée par notre peau sous l'action des rayons ultraviolets B (UV-B) du soleil Toutefois, en raison de leur pouvoir cancérigène, en particulier en été, nous devons aussi nous protéger de ces rayonnements (avec de la crème solaire par exemple), ce qui nous empêche alors de synthétiser la vitamine D. Puis nous retournons nous enfermer dans des bureaux le reste de l'année. Résultat : des études épidémiologiques récentes montrent que la population française, toutes catégories confondues, souffre d'un déficit en vitamine D. Les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et les seniors sont les plus touchés. Mais aussi les peaux très pigmentées, car elles synthétisent également moins bien la vitamine D.

Les dangers d'un déficit 

« C'est un véritable problème de santé publique , explique Marie Courbebaisse, néphrologue à l'hôpital Tenon, à Paris, et coauteur de nombreuses études sur le sujet. Car, au-delà des problèmes osseux, (rachitisme chez l'enfant, déminéralisation osseuse chez l'adulte), on s'est aperçu ces dernières années qu'une déficience en vitamine D peut aussi être impliquée dans d'autres pathologies graves. » Des chercheurs ont mis en évidence les effets potentiellement bénéfiques de la vitamine D « sur le cancer, l'immunité, le risque cardio-vasculaire et les diabètes de type 1 et 2 notamment » , indique ainsi Marie Courbebaisse.

Signe de cette effervescence, le nombre de publications scientifiques s'intéressant à ces effets a été multiplié par trois entre 1985 et 2007. Même si on ne sait pas encore avec certitude si l'insuffisance en vitamine D participe activement au développement de ces pathologies ou si elle est simplement un indicateur de mauvaise santé.

En attendant d'en savoir plus, les spécialistes considèrent qu'il faut supplémenter les personnes déficientes, ne serait-ce que pour favoriser la croissance osseuse. Mais à quelle dose ? On considère en général qu'il y a insuffisance en vitamine D quand la concentration dans le sang d'une molécule, la 25OHD (25-hydroxyvitamine D) est inférieure à 30 ng/ml. En dessous de ce seuil, on observe une diminution de l'absorption du calcium lors de la digestion. D'autres études estiment ce seuil à 20 ng/ml. Des divergences qui ne sont pas sans conséquences : dans le premier cas, 80 % de la population française serait déficiente, dans le second, le chiffre tombe à 40 %. 

Quoi qu'il en soit, plusieurs pays ont déjà introduit des suppléments dans des aliments courants tels que la farine, les céréales et le lait, car la vitamine D naturelle est rare dans nos régimes alimentaires - elle est principalement présente dans les poissons gras et l'huile de foie de morue. Ces ajouts sont autorisés en France depuis 2001, mais seuls quelques rares produits laitiers sont concernés. « Ce n'est pas suffisant , explique Laure Esterle, chercheuse au Centre de référence des maladies rares du métabolisme du calcium et du phosphore. Comme la population ne consomme pas assez de ces aliments, à peine 20 % des apports en vitamine D sont fournis par la nourriture, le reste provenant de l'exposition au soleil. »

Posted via email from hypha's posterous

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