04 février 2011

Egypte: Retour sur l'attaque du Musée du Caire. Vandalisme d'état et machination médiatique. - Cris d'Egypte

Le Caire, 4 février 2011.  En attendant le développement des événements du jour — un vendredi crucial pour l'avenir de l'Egypte —  nous souhaitons revenir sur des images qui ont certainement attristé et marqué les esprits, celles de l'attaque du Musée du Caire, le 29 janvier 2011.

Le 29 janvier, la chaîne Al Jazeera diffuse les images de vitrines brisées et de statuettes jetées au sol. Les images sont révoltantes et sont accompagnées des commentaires de Zahi Hawass, responsable du Haut Commisariat des Antiquités. 

Zahi Hawass décrit la scène et rassure les téléspectateurs: "Des vitrines ont été brisées, mais rien n'a été volé". La séquence est présentée comme étant tournée immédiatement après les faits. On y voit des forces spéciales en pleine action. Dans un des plans de la séquence, un de ces hommes est à l'arrêt puis se met soudain en position d'alerte, comme Lara Croft qui serre son arme contre sa poitrine, prête à se défendre. Hormis l'équipe de tournage,  il n'y a visiblement personne…

La mise est scène est burlesque et rappelle trait pour trait les faux documentaires montrant Zahi Hawass, lui-même, découvrant — et en direct ! Mesdames et messieurs! —  une nouvelle momie royale. 

Zahi Hawass nous explique enfin comment les pilleurs se sont introduits dans le musée. Ils sont montés par les escaliers de secours extérieurs puis, à l'aide de cordages, se glissent à l'intérieur pour détruire les vitrines. 

Des manifestants super-ninjas, donc, sont entrés au musée du Caire pour en sortir les mains vides. Absurde.

Ce n'est un secret personne, Zahi Hawass n'est pas une personne digne de confiance, mais un scientifique approximatif, selon les dires des archéologues qui le connaissent. Ce dernier se targue d'avoir "nationalisé" l'archéologie égyptienne, de l'avoir rendue aux Egyptiens. Avec raison, nombreux sont ceux qui l'accusent de l'avoir "privatisée", de se l'être appropriée.

Zahi Hawass est enfin la bête noire des archéologues étrangers et égyptiens. Corruption, interdiction de fouilles, interdiction de recherches et d'expérimentations, usurpation des découvertes. 

Nous invitons les archéologues francophones qui liront ces lignes à nous apporter leurs témoignages sous forme de commentaires.

Zahi Hawass est un élément clé du régime Moubarak. Qu'il se fasse le complice d'une machination médiatique aussi abjecte n'étonne personne. La destruction de ces quelques pièces appartenant au patrimoine de l'humanité, à la seule fin de discréditer la révolution populaire et pacifique,  révèle encore un peu plus la bassesse de ce régime et de ceux qui le soutiennent.

On se réjouira de voir Zahi Hawass entrer, lui aussi, dans les poubelles de l'histoire.

 

Rédigé à 09:52 | Lien permanent

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