19 novembre 2011

Chimie : des plantes pour remplacer le pétrole

Des experts du monde entier, dont deux Prix Nobel, se réunissent lundi pour préparer cet immense défi.

Réussir à remplacer le pétrole par des plantes : de plus en plus de chercheurs à travers le monde valident de nouvelles techniques, des entreprises s'y attellent et des politiques s'en préoccupent. Les défis n'en restent pas moins immenses, qu'ils soient économiques, environnementaux ou sociétaux pour cette branche de la chimie «verte» qu'il est désormais convenu d'appeler la bioraffinerie.

«On n'en est certes qu'aux prémices, mais il y a déjà des avancées très concrètes, sachant que l'utilisation des auxiliaires vivants est infinie», assure Dominique Dutartre, le président de la société ARD (Agro-industrie Recherche et Développement). Au plan mondial, la chimie végétale représente ainsi un peu moins de 45 millions de tonnes sur 500 millions issus du pétrole. Quant au biodiesel, c'est environ 25 millions de tonnes pour les transports contre 900 millions de gazole.

Réunis à huis clos lundi et mardi à Chantilly (Oise), une quarantaine d'experts venus du monde entier, dont les deux Prix Nobel de chimie français, Yves Chauvin et Jean-Marie Lehn ainsi qu'un grand nombre d'industriels, vont confronter leurs points de vue sur ces enjeux qui ne sont plus vraiment du futur. Des entretiens initiés par le pôle de compétitivité Industries & Agro-Ressources (IAR), créé en 2005, et qui regroupe plus de 200 adhérents. Un grand nombre d'entre eux sont installés en Champagne-Ardenne et en Picardie, deux régions leaders dans le secteur, portées par leur histoire agricole, la betterave sucrière notamment.

Si les trois lettres «bio» accolées au mot raffinerie ou l'adjectif «verte» qui accompagne le mot chimie n'ont pas la même signification que lorsqu'ils sont employés par le grand public qui pense agriculture biologique ou produit biodégradable, ils rappellent bien qu'il s'agit de passer de produits fabriqués à partir du pétrole à des produits issus de végétaux. De la paille, du bois, des algues, des fruits, des fleurs des céréales… Bref, des ressources renouvelables à la différence des énergies fossiles dont l'épuisement se profile. De nouvelles matières premières dont on extrait de l'alcool ou de nouvelles molécules pour l'alimentaire, la cosmétique, la pharmacie…

Les enjeux sont multiples. Il sera bien sûr question, dans ces rencontres, de rentabilité. «Techniquement, on sait faire de l'éthanol à partir de la lignocellulose issue de coproduits agricoles, notamment forestiers», que l'on peut ajouter à du carburant, souligne Benoît Trémeau, le secrétaire général du projet Futurol, un pilote industriel installé dans la bioraffinerie de Bazancourt-Pomacle (Marne). «Mais aujourd'hui on est à 2 € le litre», ajoute-t-il. Un prix encore trop élevé pour être compétitif.

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