13 juin 2011

Médecine: la révolution ne vient pas | Slate

Où sont les traitements promis par les cellules souches, la thérapie génique et le génome humain?
- Une colonie de cellules souches embryonnaires / REUTERS -

Le Dr. William Langston fait des recherches sur la maladie de Parkinson depuis vingt-cinq ans. Un bref moment, il a pensé qu’il allait lui falloir trouver une autre maladie pour poursuivre ses recherches, tant la découverte d’un remède au Parkinson apparaissait comme imminent. À la fin des années 1980, le champ de la médecine réparatrice semblait susceptible de permettre à des médecins de placer des tissus sains dans un cerveau endommagé, réparant les destructions causées par la maladie.

Langton n’était pas le seul optimiste. En 1999, le directeur de l’Institut national des troubles neurologiques et cardiaques, le Dr. Gerald Fischbach, affirmait devant le Sénat américain que «avec du travail et de la chance», la maladie de Parkinson pourrait être soignée dans les cinq à dix années. Langston, aujourd’hui âgé de 67, déclare qu’il ne pense pas voir apparaître un traitement contre cette maladie avant la fin de sa carrière. Il n’utilise même plus le terme de guérison et reconnaît qu’il s’est montré aussi naïf que ses collègues. Il déclare comprendre la colère et l’impatience des patients qui, dit-il, «se montrent un peu amers» de souffrir encore d’une maladie dont ils espéraient être aujourd’hui débarrassés.

Les déceptions sont à la hauteur des espoirs énormes qui se profilaient. Lors des deux décennies passées, il nous a été affirmé qu’un nouvel âge de la médecine moléculaire –utilisant la thérapie génique, les cellules souches et les connaissances dues à la découverte du génome humain– allait entraîner des miracles médicaux. Comme les antibiotiques avaient mis un terme aux maladies infectieuses, le vaccin éliminé le fléau de la polio et de la variole, la capacité à manipuler les cellules et les gènes était susceptible d’éradiquer toutes les maladies génétiques, comme la maladie d’Huntington ou la mucoviscidose, mais aussi les cancers, le diabète et les problèmes cardiaques.

Cette frustration est encore renforcée par le fait que de nombreux animaux de laboratoire se retrouvent, quant à eux, guéris. Des souris souffrant de Parkinson ont été soignées avec succès à partir de cellules souches, comme d’autres souris victimes de drépanocytose. Des chiens hémophiles ou souffrant de dystrophie musculaire ont été guéris. Mais pour les humains, les souffrances et les morts sont encore à l’ordre du jour. Pourquoi? Comment expliquer l’énorme écart entre les attentes et la réalité? Les remèdes ne viendront-ils pas ou vont-ils mettre plus de temps que prévu à émerger? Les scientifiques nous ont-ils trompés, ainsi qu’eux-mêmes, sur le potentiel réel de ces nouvelles technologies médicales?

Posted via email from hypha's posterous

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