28 mars 2011

La plume et le bistouri: Les Dupont et Dupont de la médecine

Depuis quelques mois, ils sont les professeurs vertueux de la médecine, courant les plateaux de télé, multipliant les déclarations fracassantes, hurlant leurs remèdes sans appel pour corriger les faillites du système français. Ils ont évidemment toujours raison. Dernier fait d’armes, un rapport auto-commandé sur l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) après l’affaire du Mediator.

Nos Dupont et Dupont, —en l’occurence  les professeurs Philippe Even et Bernard Debré—, ne sont jamais à court de clichés. L’AFSSAPS?  Allons donc, «c’est une structure qui dit tout», avec 1.000 employés, cinq directions scientifiques, trois commissions dont «l’une dit toujours oui, en acceptant une foule de médicament inutiles, et l’autre non, refusant presque toujours de suspendre ou de retirer les médicaments même plus dangereux qu’utiles». Et ils vont jusqu’à écrire: «De nombreux membres ignorent presque tout du dossier sur lequel ils votent, et même de la pathologie en cause».

L’AFSSAPS a bien des défauts, mais ce rapport est extrême, et au final sans queue ni tête. Et cela d’autant plus que les cours de moralité valent d’abord par la personnalité de ceux qui les professent.

Prenons le cas de Philippe Even. Il restera, dans l’histoire de la médecine, comme le  professeur de pneumologie qui aura vanté les mérites de la ciclosporine en 1985 contre le sida; le 29 octobre 1985, lui et son acolyte de l’époque Jean-Marie Andrieu, ont convoqué une conférence de presse, improvisée en moins de vingt-quatre heures sous prétexte de «devancer les Américains»,  pour annoncer leurs travaux, qui pourtant n’ont encore donné aucun résultat, pour la bonne raison que l’un des deux malades n’était «traité» que depuis une semaine à peine! Cet essai est, depuis, considéré comme une honte déontologique, réalisée en cachette,  sans le moindre pré requis scientifique, aboutissant au fiasco pour tous les patients. Il est cocasse que ce soit lui qui donne des cours de pharmaco-vigilance. Ensuite? Pendant des années, comme doyen de la factulté de Necker, cet homme de grands pouvoir a bloqué toutes les réformes des hôpitaux. Ce qui ne l’a pas empêché d’écrire des livres définitifs comme celui sur «les Scandales des hôpitaux Paris».

Quant à Bernard Debré, ministre un temps, député, conseiller de Paris, conseiller général, il est donc à l’occasion chef de service d’urologie à l’hôpital Cochin. Depuis des  années, il délivre des cours de bonne gestion hospitalière à tous les ministres de la santé, mais il cumule, bien sûr, tous ses salaires et indemnités, sans oublier une solide activité privé; une pratique dénoncée par l’IGAS. Ses honoraires du chef du service frôlent ainsi les 200 000 €: il tarife 150€ sa consultation, et 3 200€ une ablation de la prostate. A l’hôpital Cochin, on le voit donc parfois passer. Il se vante d’avoir opéré François Mitterrand pour son cancer de la prostate, alors que c’est le professeur Steg. Récemment, il a proposé une loi visant à imposer la castration chimique aux personnes condamnés pour agression sexuelle.

Bref, c’est un duo d’enfer. Les «médias» adorent ces «bons clients».  Tout cela est évidemment sans importance. Ce qui l’est moins, c’est le silence assourdissant d’un grand nombre de médecins qui laissent dire, semblant se satisfaire d’être représenté par ces «grands noms de la médecine». 

Eric Favereau

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