14 mars 2011

Cyber-censure : RSF place la France sous surveillance

Voilà une distinction dont le pays des Droits de l'Homme se serait sans doute bien passé. Reporters Sans Frontières vient de placer la France sous surveillance dans le cadre de la journée de la cyber-censure.


La France vient d‘être placée sous surveillance par Reporters Sans Frontières, cela à l’occasion de la Journée de la cyber-censure de ce samedi 12 mars 2011. Voici une “étiquette” dont le pays des Droits de l’Homme se serait bien passé, et la France rejoint du coup des pays comme la Corée du Sud, la Lybie, la Malaisie, ou le Sri Lanka (pour ne citer qu’eux). RSF part du principe que de nombreux médias traditionnels sont sous la coupe des gouvernements, et que ces derniers n’ont pas de pouvoir sur cet espace de liberté et d‘échange qu’est Internet. Ils peuvent alors mettre en place un filtrage et un tas d’outils pour contrôler le Web… ou pas.

Reporters Sans Frontières (RSF) fait une distinction entre les ennemis d’Internet qui sont les pays jugés comme les plus répressifs envers Internet et les pays sous surveillance. Dans l’attirail répressif des pays “ennemis d’Internet”, on trouve un filtrage des contenus très prononcé, des moyens mis en place pour pourchasser les cyber-dissidents, de la propagande en ligne et des difficultés manifestes d’accès à Internet. Parmi les pays qualifiés “d’Ennemis d’Internet”, on trouve la Corée du Nord, Cuba, l’Iran, l’Ouzbékistan, la syrie, le Turkménistan, le Viêt-nam, l’arabie saoudite, la Birmanie et la Chine.

Pour les pays mis sous surveillance comme l’est désormais la France, on constate généralement qu’ils ont pris des mesures risquant d’avoir des conséquences négatives pour la liberté d’expression en ligne et l’accès à Internet.

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Voici quelques éléments pour comprendre cette entrée remarquée de la France dans ce classement de Reporters Sans Frontières :

  • le cambriolage de rédactions de médias en ligne qui enquêtaient sur des dossiers sensibles tels que l’affaire Woerth/Bettencourt, ou la géolocalisation de sources qui enquêtaient sur l’affaire Karachi. La protection des sources des journalistes semble remise en cause.
  • le cambriolage des locaux du site web Rue89 avec le vol d’une vingtaine d’ordinateurs de journalistes
  • les pressions exercées par le gouvernement sur OVH qui héberge le site WikiLeaks
  • la mise en place de la Loi Hadopi qui prévoit de couper l’accès à Internet en cas de récidive de téléchargement illégal. Or, selon RSF, l’accès à Internet est un droit fondamental que ce soit sur le plan de l’information ou de l’expression. Le rapport rappelle que “L’association de défense des libertés en ligne, la Quadrature du Net, qualifie Hadopi de machine à punir ratée, qui mérite un zéro pointé pour son impact sur la culture et le réseau Internet.” RSF précise que cette loi ne prend pas en compte l‘évolution des pratiques de téléchargement, notamment avec le streaming que Hadopi ignore et qui pourtant représente une part importante du téléchargement illégal en France.
  • l’excès de zèle potentiel de la Loi Loppsi 2 qui prend le prétexte de la lutte contre la pédopornographie pour mettre en place un filtrage d’Internet. En bref, “l’article 4 de la loi institutionnalise un filtrage administratif du Web, sans décision de justice. L’article 2 risque de criminaliser l’utilisation de pseudonymes sur Internet, et l’article 23 permet l’organisation de cyberperquistions.” RSF s’interroge sur les différents degrés de filtrage et sur les sujets qui pourraient faire l’objet d’une surveillance de la part de l’Etat français. “Selon l’association de protection de l’enfance L’ange bleu, qui lutte contre la pédophilie, la Loppsi est une loi inefficace, contre-productive et dangereuse, qui utilise la protection de l’enfance comme un cheval de Troie du filtrage généralisé de l’Internet. L’expérience australienne a pu malheureusement donner quelques enseignements qui vont dans le sens d’un abus du filtrage.
  • Eric Besson, le Ministre chargé de l’Industrie, de l‘Énergie et de l‘Économie numérique, envisage une “régulation du trafic et à l’abandon du principe de neutralité absolue du Net”.

Posted via email from hypha's posterous

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